Un pour tous et tous pour rien.
Trois réalisateurs officient actuellement sous le nom d'Anderson, et tels les trois mousquetaires, on ne peut pas les confondre. Ils sont à peu près de la même génération. Le premier, Athos, le leader qui pourrait être comparé à Wes Anderson, adulé par tous les hipsters de la planète, le second, Aramis, Paul Thomas Anderson qui cultive son public de critiques transis à coup de films faits pour récolter des prix (et puis lui aussi il est défroqué, il s'est barré de son école de cinéma au bout de deux jours). Enfin, Porthos, Paul W.S. Anderson (il aurait pas pu prendre un pseudo ? On ne peut les différencier que par leurs seconds prénoms), le trublion de la bande qui aime la bonne chair, le mauvais goût, les combats, les explosions et Milla Jovovich (une femme cyborg que n'aurait pas pu inventer Dumas et pourtant c'était pas l'imagination qui lui manquait).
Voilà, maintenant vous pouvez briller en société, en essayant de faire de fins parallèles entre Resident Evil After Life, There Will Be Blood et Darjeeling Limited.
Tout cela pour dire, que comme prévu, Trois Mousquetaires 3D, c'est raté. J'y étais allée de bon gré pourtant, la bande-annonce m'ayant interloquée : Milady qui fait du kung-fu ? Des aéronefs ? Orlando Bloom déguisé en grande folle (les robes de Legolas ont dû lui manquer), Athos en ninja, il y a avait du fort potentiel.
C'est drôle, au début. Si on le prend au cinquième degré et qu'on a pas relu les Trois Mousquetaires depuis un certain temps. Le jeune Louis XIII habite au Château de Versailles et se balade dans la galerie des Glaces , la Gascogne ressemble à la Hollande, Aramis met des contraventions aux chevaux mal garés. Puis petit à petit, au sentiment d'effarement déclenché par cette mauvaise parodie "modernisée" à grands coups de steampunkeries (aéronefs, plein d'armes et de bidules dorés) se succède l'écoeurement. Le film louchant de façon studieuse vers la saga Pirates des Caraïbes (et surtout vers les derniers, les pires). Eh oui, il y a même une bataille navale. Dans les airs. Tout ça pour les ferrets de la reine (qui n'en sont pas d'ailleurs, ils ont préférés les remplacer par un bête collier) et la gloire de notre Sainte Patrie la France ! On aura tout vu.
Ce film est symptomatique des blockbusters actuels : tout n'est que surenchères d'effets spéciaux mal incrustés, d'acteurs qui cachetonnent et d'explosions injustifiées. Les personnages ne sont plus que des carcasses falotes qu'il faut savoir identifier du premier coup d'oeil et dont les actions sont tellement prévisibles et absurdes, que le spectateur ne peut que mourir d'ennui (ou dormir au choix, ce qui permet de se reposer les yeux de cette infâme 3D inutile). De plus, comme ils essayent d'attirer le maximum de public possible, le film part encore plus dans tous les sens et on ne sait jamais sur quel pied danser.
Mais ce film aura eu au moins un mérite : me donner envie de relire le bouquin de Dumas. Et rien que pour ça, je le surnote.