Martin Bourboulon confirme dans cette nouvelle réalisation où il retrouve ses domaines de prédilection: l’Histoire et les vérités profondes des personnages. En exergue, il prévient donc d’emblée le spectateur que sa version des Trois Mousquetaires sera ancrée dans le contexte problématique entre catholiques et protestants et sous entend que le film de cape et d’épées n’est pas la seule option exploitable. Même si Les Trois Mousquetaires-D’Artagnan est logiquement basé sur l’irruption du Gascon au sein du trio d’Athos, Porthos et Aramis, et est riche de duels bien chorégaphiés, sa vérité subtile se situe dans les coursives où le frère va-en-guerre du roi ne se soucie guère de son mariage ou que le frère Rochelais d’Athos spécule plus sur l’avènement d’un potentat protestant pour malmener la monarchie française. Le réalisateur,en gardant Milady, l’épisode du collier de ferrets avec Buckingham, contente le spectateur lambda mais encore une fois, la vérité est ailleurs et son exposition claire-obscure est aussi culottée que révolutionnaire pour un public de 2023. Il n’y avait qu’à saisir le silence attentif de la salle pour comprendre que le consumérisme cinématographique n’était pas complètement de la partie. Tant mieux. Au niveau de la distribution, Martin Bourboulon réussit la prouesse de faire le lien entre les premiers rôles ( François Civil, Vincent Cassel, Pio Marmaï, Romain Duris, Éric Ruf et Eva Green) et une galerie de seconds rôles avisés et compétents ( à l’image de Louis Garrel et Vicky Kreps dont la performance rappelle celle d’Emma Mackey dans Eiffel). Deux mises en scène m’ont particulièrement séduit à l’image de la poursuite entre d’Artagnan et Milady en Angleterre ou encore celle du mariage saboté du frère du roi où les capacités techniques de l’équipe du film ressortent avec grande maestria. Premier opus de film sur les Mousquetaires, il serait essentiel de saisir les angles d’attaques de la suite car le grand spectacle n’aura que l’intention de rendre justice à la réalité historique des quatre compères au service du roi. En tous cas, cette nouvelle version a en elle la capacité de fédérer un public international sensible aux variétés des niveaux de lecture. Souhaitons lui bon vent car elle le mérite vraiment.