Alors que vaut ce renouveau du cinéma français avec son nouveau blockbuster de cape et d'épée ?
Un renouveau discutable au passage, lorsque l'on adapte un roman de Dumas déjà moult fois transposé à l'écran. Cependant, cocorico, on est sur du made in France ici, contrairement aux adaptations les plus célèbres (américaines avec la version de Sydney et anglaises avec celle de Lester).
Et bien j'ai trouvé ça globalement divertissant avec une direction artistique soignée. Les nombreuses annonces de Pathé dévoilant les chiffres autour de ce projet, et donc du pognon en jeu, se voient à l'écran. Les décors sont splendides ainsi que les costumes. C'est une véritable réussite sur ce point que de téléporter le spectateur dans la France du XVIIe siècle.
Autre bon point, le rythme est soutenu. Le support est de toute façon suffisamment riche en rebondissements et péripéties pour étaler le scénario en dyptique. Richard Lester l'avait déjà fait, avec un découpage sensiblement identique. Romance, action, trahison saupoudrées de quelques légèretés. Rien à dire, c'est également maîtrisé.
Hélas, et j'aurais adoré que cela ne soit pas le cas, j'ai quelques griefs contre le dernier film de Martin Bourboulon. Et notamment ses choix de mise en scène durant les combats. Il adopte le parti pris du plan séquence resserré. C'est une mise en image que l'on retrouve de plus en plus, notamment aux USA. On pense notamment à The Revenant, et il faut avouer que le rendu peut être spectaculaire et surtout la violence bien plus viscérale. Et honnêtement sur la première séquence dès l'ouverture, dans la boue, j'ai été impressionné par le dispositif. Je trouve juste dommage qu'il ne renouvelle pas sa mise en scène sur les autres combats. Notamment la séquence dans la forêt qui se révèle brouillonne par instants. On perd en flamboyance, les duels ne sont pas très lisibles, et le film étant grand public, la violence me paraît trop aseptisée avec ce type de filmage.
Une autre lacune, et ce malgré une direction artistique resplendissante, serait les choix de photo et de lumière assez terne sur certains extérieurs. Bon, cela cadre avec la tonalité plutôt grave du film. Mais j'ai connu des nuits américaines plus inspirées.
Ayant regardé la version de Lester récemment, j'avais hélas toujours un coup d'avance sur le déroulé du film qui s'autorise de légères innovations (belle idée sur le mariage mais monté n'importe comment), mais qui globalement ressemble énormément aux versions antérieures. Les facilités scénaristiques (comme la rencontre des 3 mousquetaires) sont identiques à la version anglaise. Cependant, la version anglaise était légère et essentiellement comique voire loufoque. Je suis étonné de retrouver le même schéma dans un film beaucoup plus sérieux qui se veut réaliste.
Enfin, le casting 5 étoiles fait globalement le job. Comme la plupart des critiques le soulignent, Eva Green en Milady ainsi que Louis Garrel en Louis XIII sont excellents (je vais finir par être obligé de reconnaître qu'il est bon cet acteur). Côté mousquetaires, les acteurs sont à l'aise bien que ce soit D'Artagnan qui soit à l'honneur. François Civil se débrouille très bien. Il n'est cependant pas aidé par certains dialogues qui sonnent faux, notamment dans sa romance mignonne avec Constance Bonacieux.
C'est plutôt côté antagonistes que les personnages se révèlent faiblards. Le cardinal Richelieu en tête et la quasi absence de Rochefort. Bon, c'est peut-être un choix. Mais quand on a les interprétations de Charlton Heston et Christopher Lee en tête, le parallèle fait mal.
En résulte un honnête divertissement qui ne se moque pas de son public. J'irai voir à coup sûr la suite qui mettra à l'honneur Milady. C'est déjà un point fort de ce film. Reste à savoir si le public va suivre sur une adaptation maintes fois rebattue. Pas sûr que les plus jeunes soit intéressés, surtout lorsque la même semaine sort Super Mario Bros avec le double d'entrées...
Cette sortie, et le succès ou non qu'il en résultera, déterminera les futurs projets ambitieux opérés par Jérôme Seydoux et ses équipes.