Profitant du long voyage de son Seigneur, un administrateur oppresse les paysans du domaine jusqu'au jour où trois de ces derniers se révoltent et prennent en désespoir de cause sa fille en otage. Aidés de Shiba, un Ronin charismatique et mystérieux qui passait par hasard dans le coin, tout ce petit monde va vouloir tenir tête à la tyrannie du pouvoir provisoire jusqu'au retour tant attendu du seigneur local. Très rapidement Shiba va se lier d'amitié avec Kikyo, le maitre d'arme cynique du domaine, et Sakura, un ronin d'origine paysanne au grand cœur. D'où le titre, les "Trois Samouraïs hors-la-loi". Ce scipt c'est un peu l'enfant qu'aurait pu avoir Sanjuro et Robin des Bois.
Ce premier film d'Hideo Gosha sorti en 1964 est déjà un coup de maitre. "Les Trois Samouraïs hors-la-loi" peut légitimement se revendiquer héritier des chambaras de Kurosawa. A de nombreuses reprises on fait le parallèle avec Yojimbo et Sanjuro, surtout Sanjuro d'ailleurs… voire même Les 7 Samouraïs. Globalement le film rempli tous les critères que doit respecter un Chambara. On y retrouve des Ronins, des Samouraïs, des paysans, des duels, des combats à 1 contre 100, la remise en cause du système féodal japonais, le clivage et parfois l'incompréhension entre les Samouraïs et les paysans… bref absolument tous les ingrédients requis. Et l'une des grandes forces du film c'est de faire tenir tout ça sur 90mn sans donner l'impression de survoler le sujet ou d'aller trop vite. Et pourtant les scènes s'enchainent à un rythme effréné apportant chacune un nouvel élément à un récit bourré de surprises. Le film est un modèle de narration fluide, nerveuse et efficace.
J'avais moyennement apprécié les couleurs et l'éclairage sur Hitokiri, le seul autre film d'Hideo Gosha que j'avais vu auparavant. Force est de constater qu'il maitrise ici parfaitement le noir et blanc. Les images sont magnifiques et penchent parfois clairement vers l’expressionnisme. Les cadrages sont eux à tomber par terre, et illustrent parfaitement les liens étroits qu'entretiennent les Chambaras et les Westerns. Il y a une vraie maestria de la part de Gosha à ce niveau là.
Alors si ce n'est pas parfait et si c'est quand même moins bien que ce que peut faire Kurosawa dans le genre, je conseille grandement le film à quiconque voudrait découvrir le Chambara. Et aux autres également, après tout…