Lorsque des paysans décident de montrer leur mécontentement et de se révolter contre le seigneur local, ils kidnappent la fille de celui-ci et seront bientôt rejoints par un rônin de passage.
C'est à tout juste 35 ans que Hideo Gosha met en scène Les trois Samouraïs hors-la-loi, sa première oeuvre, où il nous immerge assez vite dans le Japon féodal et met en avant une lutte des classes entre les paysans et ceux qui les dirigent. Bénéficiant d'une très bonne et juste qualité d'écriture, notamment dans les personnages et les dialogues, il la sublime à chaque instant avec une mise en scène sombre et pessimiste qui nous tient en haleine durant 90 minutes.
Il dresse un tableau critique de cette société, qu'il n'est pas difficile de mettre en lien avec son évolution à travers les temps, et dénonce la façon dont elle est inégale et corrompue jusqu'à la moelle, là où l'individualisme a pris le pas sur toute autre valeur et que la violence devient omniprésente. C'est au coeur de cette société qu'il dresse le portrait des ronins qui eux, ont choisi la liberté, mais aussi des différentes classes que ce soit les riches propriétaires qui n'ont que mépris pour les paysans où ces derniers dont on ressent à chaque instant la peur dès que se dresse une classe différente face à eux. D'ailleurs Gosha privilégie clairement les personnages et leurs dilemmes, ce sont eux qui vont apparaitre puis disparaitre à l'écran, et l'étude qu'il en fait va permettre au film d'être à ce point réussi. Il met l'humain face à la mort, que ce soit les plus pauvres ou non, et observe la façon dont ils vont réagir et la sensation de peur plane tout le long sur le film.
Là où Gosha se montre brillant, c'est dans la façon dont il va mettre en scène toute la richesse de cette écriture et ses propos. Assez vite, et magnifié par une photographie en noir et blanc, il met en place une atmosphère sombre, glaçante et pessimiste, avec une obscurité de plus en plus envahissante, tant sur la société que l'humain et ses sentiments. La construction du récit est efficace, il y a de nombreuses scènes d'action et il alterne bien entre celle-ci et les moments de répit. D'ailleurs les séquences de combat sont aussi lisibles que violentes et remarquables, tout comme la réussite formelle du film et sa façon de jouer avec les ombres.
C'est au coeur d'un Japon féodal pourri par les inégalités, l'individualisme et une violence omniprésente que Hideo Gosha met en scène son premier film. Tant sur le fond que dans la forme, il fait un travail remarquable, sachant nous faire ressentir l'obscurité envahissante, la violence, l'injustice et la peur. (Merci à Sergent Pepper pour le découverte)