Noir c'est noir...

Inspiré de la nouvelle de l'un des plus grands écrivains américains de ce siècle, Ernest Hemingway, Les Tueurs est un véritable monument du film noir, offrant à Burt Lancaster un premier rôle mémorable.

Réalisateur prolifique, Robert Siodmak tient sans doute là son chef d'oeuvre. Après s'être frotté à plusieurs genres, le réalisateur s'attaque au film noir, un genre très en vogue à l'époque. Sa réalisation est soignée, parfaitement représentative du genre. La photographie noire et blanc est un bijou d'esthétisme rarement égalé de nos jours, plutôt proche de l'expressionnisme allemand, que le réalisateur tente visiblement d'imiter, tout en gardant un aspect réaliste.

Le scénario, maîtrisé de bout en bout, est un modèle du genre, maintenant le suspense jusqu'à la séquence finale. La trame est simple, mais efficace, une simple enquête menée par un agent d'assurance mènera le spectateur d'un coin perdu du New Jersey jusqu'à Atlantic City, à travers les différents témoins de la vie du Suédois, qui relateront chacun leur point de vue via des séquences en flash back, un peu à la manière d'un Citizen Kane.

Edmond O'Brien, qui incarne à merveille le rôle d'enquêteur, n'est ici pas la tête d'affiche principale, même si c'est lui qui apparaît le plus souvent à l'écran. Car celui autour duquel tourne le film, c'est bien Pete Lunn, le suédois, incarné avec un magnétisme exceptionnel par Burt Lancaster, brillant dans son premier grand rôle au cinéma. Face à lui, magnifique dans un des plus beaux rôles de Femme Fatale (avec peut être Rita Hayworth dans Gilda), l'une des plus belles actrice de l'époque, Ava Gardner, interprétant avec délice ce rôle de garce vampant sans vergogne les hommes ayant le malheur d'attirer son regard.

L'un des plus beaux représentants d'un genre qui a donné au cinéma américain quelques uns des plus grands chefs d'oeuvre de son histoire, avant les années 70 et le Nouvel Hollywood.