Les Tueurs de l’Éclipse ou Bloody Birthday est un film dont la bande annonce, sans doute vue sur une VHS de location, m'avait sérieusement secoué alors que j'étais gamin. J'avais découvert le film un peu plus tard toujours en VHS mais bizarrement il me restait encore à l’esprit un petit truc étrange créant un sentiment de malaise quand bien même le film est loin d'être le plus traumatisant du monde. Cette figure de l'enfant tueur alors que j'avais dix ou onze ans (donc l'âge des personnages) m'avait vraiment terrifié et plus particulièrement cette sale gamine blonde au sourire tordu qui m'a procuré quelques cauchemars. Du coup Les Tueurs de l’Éclipse de Ed Hunt reste un film pour lequel je garde une certaine affection et je n'ai pas hésité une seconde à me procurer la galette sorti par l'éditeur Sidonis.
L'intrigue du film Les Tueurs de l’Éclipse se résume au strict minimum puisque l'on a trois gosses nés un jour d'éclipse totale et qui tuent tout le monde. Un de leur camarade de classe aidé de sa grande sœur vont toutefois essayer de les arrêter.
Les Tueurs de l’Éclipse n'est pas un grand film mais au delà de l'aura nostalgico-effrayant qu'il me procure, le film de Ed Hunt reste une petite série B assez méchante et surtout mené sur un tempo d'enfer. Le film ne s’embarrasse pas vraiment d'exposition, de caractérisation et d'explications et nous plonge d'emblée dans une série de meurtres et d'agissements sadiques et tordus perpétrés par trois sales mioches. Pour toute explication vous aurez le contexte de leurs naissances et une vague justification astrologique nous expliquant que lorsque Venus est caché le jour de votre venue au monde et bien il y-a fort à parier que vous soyez dénué de tout sentiment, ensuite roulez jeunesse … La petite bande se compose de Steven (Andy Freeman) un gamin blond plutôt en retrait et assez peu actif en matière criminel, Cutis (Billy Jayne) un autre garçon qui semble plus vieux car plus grand avec une bonne tête de sadique surmonté de lunette pour faire intello et un fort penchant pour les armes à feu. Et puis bien sûr il y-a la délicieusement détestable Debbie (Elizabeth Hoy) petite poupée blonde en jupette et en socquettes blanches, manipulatrice au sourire angélique, apprentie mère maquerelle qui fait payer pour reluquer le cul de sa sœur, tueuse à la corde à sauter et à l'arc, capable de buter père et sœur sans sourciller avant d'aller chouiner comme une Madeleine à leurs enterrements, peste qui se désolidarise de la bande à la moindre occasion, carcasse désincarné incapable de jouer mais toujours prompt buter quelqu'un, apprentie psychopathe qui collectionne les coupures de journaux dans un cahier intime … JE TE DETESTE DEBBIE !!! Si le personnage de Curtis est peut être le plus directement effrayant en revanche celui de Debbie me semble de loin être le plus vicieux et le plus tordu de tous et la jeune comédienne Elizabeth Hoy est absolument parfaite ; je dois avouer que ses petits haussements de sourcils font encore flipper le petit garçon qui sommeille tout au fond de l'adulte avachi et encastré dans son fauteuil.
Dans sa forme Les Tueurs de l’Éclipse ressemble à un slasher assez classique avec sa final girl et son lot de plans nichons gratuits. Le cadre d'une petite ville banlieusarde et Joyce la jeune et innocente héroïne (Lori Lethin) renvoie bien sûr au classique de John Carpenter. Visiblement contraint du mettre la pédale douce sur l'horreur avec de nombreuses coupes imposées par la production le film reste assez soft au niveau de la violence graphique en revanche de façon plus psychologique et insidieuse le film exploite à merveille l'innocente perversité de ses gamins voyeurs, manipulateurs et homicides. La mise en scène de Ed Hunt, modeste réalisateur spécialisé dans le cinéma de genre (L'Invasion des Soucoupes Volantes – Manipulation) n'est pas très inspiré mais elle n'a rien de honteux non plus, le film est correctement conduit sur un rythme soutenu, la direction d'acteur est bonne et globalement même sans grandes ambitions le film ne souffre d'aucuns défauts majeurs. On pourra tout juste chipoter sur cette accumulation d'homicides qui semblent ne pas trop émouvoir ou inquiéter la petite communauté de cette banlieue et qui pour faire avancer le script ne s’embarrasse jamais trop d'investigations.
Les Tueurs de l’Éclipse reste donc une solide petite série B et un film très appréciable sur le registre des sales gosses psychopathes. C'est tout de même marrant les peurs enfantines, moi qui ai vu les pires films d'horreur possibles et les bandes les plus crapoteuses qui soient je reste toujours perturbé par cette presque innocente gamine blonde.