Des films avec des enfant qui zigouillent des adultes, il y en a beaucoup. Mais ceux qui renouvellent les codes du slasher avec un certain bonheur sont nettement plus rares...
En fait, ici, la combinaison est simple : une pincée du mystère incongru illustrant le célèbre Village Des Damnés de Wolf Rilla + un zeste de violence infantile directement extraite de Cinq Fois La Mort du duo Sean MacGregor et David Sheldon, le tout mixé dans les rues de la ville fictive d'Haddonfield de la saga Halloween créée par John Carpenter et Debra Hill et vous obtenez Les Tueurs De L'Éclipse, série B dont je n'attendais pas grand-chose et qui m'a néanmoins emportée dans son funeste univers n'ayant que faire du politiquement correct.
Debbie, Curtis et Steven sont nés exactement en même temps, lors d'une éclipse solaire. Inexplicablement privés de toute empathie à cause de l’événement cosmique, ces trois enfants de dix ans sont de purs psychopathes dont le jeu préféré est de tuer toutes celles et tous ceux avec qui ils n'entrent pas en odeur de sainteté : institutrices, baby-sitters, parents, policiers, autres enfants ou adolescents, tout y passe. Parfois même pour le plaisir du geste. Et qui iraient accuser d'adorables chérubins d'un tel massacre ?...
Tourné durant l'été 1980 et projeté dans les salles U.S l'année suivante, Les Tueurs De L'Éclipse reste un film au rythme efficace qui ne sombre à aucun instant dans l'apologie de l'attente qui fait tant défaut à la plupart des œuvres de l'époque (De Si Gentils Petits... Monstres !, au sujet similaire et réalisé la même année, en est l'exemple concret). Bercés par un très joli score d'Arlon Ober (qui ne peut néanmoins s'empêcher de pomper Bernard Herrmann), les meurtres inventifs s'enchaînent à vitesse grand V où parricides et autres joyeusetés diaboliques enfantines se développent allègrement à l'instar d'un voyeurisme précocement malsain où, par ailleurs, le réalisateur ne lésine pas sur la nudité féminine gratuite.
Les défauts sont néanmoins omniprésents avec une jeune héroïne dont la personnalité est essentiellement calquée sur celle de Laurie Strode dans le premier Halloween et un cast d'enfants psychopathes pas toujours judicieux (le très transparent Andrew Freeman a malheureusement du mal à s'imposer aux côtés de la petite Elizabeth Hoy qui en fait des caisses et du charismatique Billy Jayne qui reste indéniablement le plus flippant des trois). Situé entre le slasher et le film de psychokiller, Les Tueurs De L'Éclipse navigue dans les tumultueuses eaux d'un bis honnête et totalement décomplexé. Une chouette surprise.