Au milieu des années 1960, Alain Delon a signé un contrat avec Hollywood, afin de tenter sa chance au niveau mondial. Il ne fera que trois films, et Les tueurs de San Francisco est le premier d'entre eux.
Il incarne un homme qui vient juste de sortir de prison, rejoignant sa femme et sa fille, et voulant se ranger. Mais le flic l'ayant arrêté, Van Heflin, a toujours une dent contre lui, à cause d'une vieille blessure, et n'attend qu'une occasion pour le coffrer à nouveau. Son vœu va être exaucé, car le frère de Delon veut qu'il participe à nouveau à un casse...
Le film est un polar on ne peut plus classique, qui rappelle vaguement le futur Deux hommes dans la ville, dans le sens où le sens où le flic guette le moment où l'ex-bandit, à peine sorti de prison, attend le moment de défaillance pour le mettre à nouveau en prison, car il n'a pas confiance. Si les acteurs sont plutôt bons, le problème je dirais réside en Alain Delon. Qui est plutôt bon par ailleurs, faisant l'effort de parler en anglais, pas vraiment l'ami des femmes, en tout cas la sienne (très belle Ann-Margret) : le souci est qu'il a un physique différent de tous les autres acteurs, aux visages burinés, qui sont tous plus âgés, et qui ont l'air sortis de polars de Don Siegel ou Phil Karlson. Il dénote un peu trop dans ce paysage américain pour être totalement crédible, en plus d'être ici italien.
Dans les sbires d'Alain Delon, on retrouve Jack Palance, mais aussi un acteur étonnant, John Davis Chandler, qui a ici une tête d'albinos avec des petites lunettes de soleil rondes qu'il ne quitte jamais, même la nuit !
Mais cela dit, j'ai vraiment aimé ce film, classique comme je le disais, mais qui garde une grande nervosité, avec des personnages qui ont tous l'air sous tension, à l'image de cette scène superbe où Alain Delon se rend dans un Pôle emploi américain afin de toucher des allocations à la suite d'un licenciement, et il apprend qu'il n'y a pas droit parce qu'il aurait quitté le travail de son plein gré ; c'est un mensonge où Delon va répondre par la menace en attrapant la cravate du pauvre conseiller, et là, on sent quand même que le type a un fond d'une grande noirceur.
Noirceur qui est également due à la très belle photo noir et blanc, on est dans le polar ou on ne l'est pas, et on a là une très belle surprise, encore une fois méconnue quand on parle de l’œuvre d'Alain Delon, et qui n'aura pas le succès escompté.