Un Lelouch très apprécié de manière générale, Les uns et les autres. Mais ça m’est passé complètement au-dessus. J’imagine que c’est le lot des films de Lelouch, c’est souvent quitte ou double. Ici il se prend à la fois pour Kubrick, Visconti et Cimino. Tranquilou bilou.
Si son cinéma ne manque pas d’élans ni d’une certaine force visuelle, l’aspect fresque est neurasthénique au possible. Il est donc bien délicat de se souvenir d’un personnage, un seul, dans ce tohu-bohu, véritable bouillie d’images superposées sans aucun liant. Les uns et les autres mise aussi beaucoup sur Michel Legrand. Jusqu’à la nausée. Bref c’est à la fois impressionnant et catastrophique, ample et ridicule, fascinant et chiant. En fait ça représente assez bien ce que je m’étais imaginé du cinéma de Lelouch avant de voir un film de Lelouch. Alors c’est pas Chacun sa vie, puisque la dimension romanesque, aussi ratée soit-elle, en impose, mais on n’est pas si loin, finalement.
Pourtant il y a ce final, vers lequel tout le film tend, où la dimension chorale est à son paroxysme puisqu’on y retrouve tous les personnages, tous ces acteurs lors d’un concert sur le Trocadero, dans une chorégraphie somptueuse, dansée par Jorge Donn, sur le Boléro de Ravel que Lelouch semble capter dans la continuité en faisant virevolter sa caméra partout. C’est un moment magnifique, ma récompense pour ce gouffre d’ennui qui le précède. Il faut voir le film pour cette fin. Ainsi que pour une scène vers le mi-temps, dans laquelle Jacques Villeret explose complètement face à Francis Huster. Oui, explose. Villeret, oui. C’est peu, mais c’est déjà ça.
L’essai est donc à saluer pour sa tentative de démesure, mais ça reste un truc imbuvable. J’ai dormi deux fois devant, je l’ai donc lancé trois fois. C’est un chouette film pour une bonne sieste. J’ai oublié de préciser le plus important : ça dure plus de trois heures, cette plaisanterie.