Les Vacances de Monsieur Hulot par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Monsieur Hulot est un homme simple, célibataire endurci, profondément humain, aimant la vie et la nature. Les beaux jours arrivés, il décide de partir vers la mer afin de passer des vacances bien méritées sur le sable. Alors que l'exode des vacanciers s'organise, Monsieur Hulot, évitant le tapage des gares et les trains bondés, part, au volant de sa bonne vieille guimbarde pétaradante et brinquebalante, rejoindre l'hôtel de la Plage sur la côte Atlantique. Arrivé à destination, Monsieur Hulot, personnage anticonformiste, aura bien du mal à s'intégrer au reste de la clientèle de l'établissement. Malgré tout, inconscient des problèmes qu'il provoque innocemment dans son entourage, notre célèbre vacancier arrivera tout de même à passer un agréable séjour rempli de diverses occupations et aventures. Il est vrai qu'il n'est pas insensible au charme de Martine, la jeune occupante d'une villa voisine du monotone l'hôtel de la Plage.


Alors là, vive la poésie, l'observation, l'humour et la nostalgie! Qui, et vu mon âge je suis bien placé pour en témoigner, n'a pas connu cette folie des départs en train avec les mouchoirs qui s'agitaient, les haut-parleurs aux discours inaudibles, les wagons surchargés de voyageurs, les valises traînant dans les couloirs, puis enfin, le vieil autocar poussif qui, les bagages sur le toit, vous amenait, épuisés par le voyage, à destination? Qui n'a pas connu durant ces années cinquante, ces hôtels avec leur cloche pour vous appeler à heures fixes pour les repas, la plage se vidant alors instantanément, ces salles à manger silencieuses où chacun s'observe, se regarde en chien de faïence avant de lier connaissance, juste le temps du séjour. Et puis il y avait cette clientèle variée, des gens snobs, des rigolards, des sérieux ou des dragueurs. Les jours se passaient ainsi, allongés sur la plage, face à la mer avec pour tout luxe, une glace à la vanille ou un morceau de guimauve. Puis, après la corvée des cartes postales à la famille et aux amis, c'était la dernière soirée de fête à l'hôtel, puis les "au revoir","et si vous passez par chez nous, venez nous voir!". Bilan des vacances: elles avaient été monotones!!! sauf pour Monsieur Hulot...


Nous sommes en 1953 et voici le deuxième long métrage de Jacques Tati. Il s'agit pour moi de l'un des monuments du cinéma français. Ce pur chef-d'oeuvre d'observation, de poésie et de drôlerie dépeint sans complaisance tous les travers, les absurdités mais aussi les qualités de chacun de nous. C'est l'ensemble d' une société qui est passé au crible, du beauf au bourgeois. Tati ridiculise les intelllos qui ont bien du mal à nous en convaincre, il rit des petites gens maniérés, aux habitudes ridicules, qui veulent se donner une importance qu'ils n'ont pas. Pendant ce temps, Monsieur Hulot, en toute simplicité et indiscipline, profite de cette bêtise humaine qui s'étale autour de lui, se moquant de l'hypocrisie ambiante. Des scènes d'une drôlerie inoubliable parsèment cette oeuvre : le pneu transformé en couronne mortuaire, la partie de tennis et celle de ping-pong, le fiasco du bal masqué, le feu d'artifice et bien d'autres encore. De plus l'atmosphère de cet hôtel triste à mourir, tenu par un personnel sinistre, nous fournit un contraste formidable avec la désinvolture de Jacques Tati. Vraiment rien ne manque. La fameuse musique " Quel temps fait-il à Paris ? ", tourne en boucle dans ce film et dans notre mémoire tel un vieux 78 tours, ce qui ajoute encore au charme suranné de ce séjour en bord de mer des années cinquante.


Impossible de se lasser de cette oeuvre margistrale, véritable féérie d'humour et d'observation.. Au détour d'une image, comme par magie, on découvre le nouveau détail que le magicien de la pellicule, Jacques Tati, avait glissé là comme par hasard. Voici l'oeuvre d'un poète et d'un visionnaire de notre société.

Créée

le 30 déc. 2013

Modifiée

le 31 mars 2013

Critique lue 2.5K fois

70 j'aime

40 commentaires

Critique lue 2.5K fois

70
40

D'autres avis sur Les Vacances de Monsieur Hulot

Les Vacances de Monsieur Hulot
Grard-Rocher
9

Critique de Les Vacances de Monsieur Hulot par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Monsieur Hulot est un homme simple, célibataire endurci, profondément humain, aimant la vie et la nature. Les beaux jours arrivés, il décide de partir vers la mer afin de passer des vacances bien...

70 j'aime

40

Les Vacances de Monsieur Hulot
Quantiflex
10

Ligne Claire

Il faut tout de même être un monstre pour ne pas avoir de la tendresse pour les films de Jacques Tati. Ceux qui disent que ses films ne les ont jamais fait rire passent à coté de l'essentiel, car ils...

le 7 avr. 2012

57 j'aime

12

Les Vacances de Monsieur Hulot
Gand-Alf
9

L'emmerdeur.

En visite chez des amis à St Nazaire, le cinéaste Jacques Tati a l'idée de tourner un film sur la plage de Saint-Marc-sur-Mer, projet qui se concrétisera en 1953 avec "Les vacances de monsieur...

le 6 juin 2014

26 j'aime

4

Du même critique

Amadeus
Grard-Rocher
9

Critique de Amadeus par Gérard Rocher La Fête de l'Art

"Pardonne Mozart, pardonne à ton assassin!" C'est le cri de désespoir d'un vieil homme usé et rongé par le remords qui retentit, une triste nuit de novembre 1823 à Venise. Ce vieil homme est Antonio...

178 j'aime

68

Mulholland Drive
Grard-Rocher
9

Critique de Mulholland Drive par Gérard Rocher La Fête de l'Art

En pleine nuit sur la petite route de Mulholland Drive, située en surplomb de Los Angeles, un accident de la circulation se produit. La survivante, Rita, est une femme séduisante qui parvient à...

171 j'aime

37

Pierrot le Fou
Grard-Rocher
9

Critique de Pierrot le Fou par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Ferdinand Griffon est entré malgré lui dans le milieu bourgeois par son épouse avec laquelle il vit sans grand enthousiasme. Sa vie brusquement bascule lorsqu'il rencontre au cours d'une réception...

158 j'aime

47