Les Vacances de Mr. Bean par Gérard Rocher La Fête de l'Art
Comme souvent à Londres, le ciel est gris et il pleut. C'est alors que dans sa petite voiture Mr. Bean se gare en toute hâte afin de participer à une tombola au bénéfice de bonnes oeuvres avec comme gros lot un séjour à Cannes plus un caméscope. Mr. Bean est l'heureux vainqueur et part donc pour Cannes via Paris. Se faisant filmer à la porte d'un wagon du TGV à la gare de Lyon par un voyageur et le train démarrant il laisse sur le quai le malheureux photographe. Le problème est que son fils de dix ans est dans le train d'où une situation embarrassante autant pour Mr. Bean que pour le gamin. Drôle de problème, car en plus cet enfant est celui d'un réalisateur russe venu présenter son film au Festival de Cannes. Mr. Bean et le gamin qui ne parle pas un mot de français vont être obligés de faire preuve d'astuces et vont bénéficier d'heureux concours de circonstance pour rejoindre leur destination, Cannes et enfin voir la mer et son ciel bleu.
Le sujet de ce film est en fait aussi mince que l'imagination du réalisateur. En effet, Steve Bendelack inflige au public, pris dans un vrai guet-apens, le voyage mouvementé d'un personnage abruti, par moments astucieux, faisant tout pour débarquer sur la Croisette en plein festival. Pour en arriver là, il va faire des rencontres aussi variées qu' inattendues qui lui serviront parfois à se tirer d'affaires embarrassantes et délicates, d'autant plus que Mr. Bean ne s'exprime que par onomatopées ou par grognements. Ses gaffes et ses maladresses successives mettront tous ceux qui l'approche dans les pires embarras. Toutefois, ce personnage benêt semble tout de même, on ne voit pas pourquoi, charmer une actrice de second plan, interprète d'un film soporifique présenté au Festival de Cannes. De plus, Mr. Bean ayant pour compagnon d'aventure un jeune garçon dont il s'est entiché à la suite d'une de ses maladresses au départ du TGV devra subir les frasques de celui-ci mais également apprécier sa complicité lors de certaines situations délicates.
J'ai pour habitude de parler le plus souvent avec bienveillance d'un premier film, mais alors là, franchement, trop c'est trop. Tout était parti d'un personnage de théâtre anglais amenant un comique burlesque assez particulier. Mr. Bean avait alors fait le bonheur de la télévision où les séquences connurent un certain succès. La découverte de Rowan Atkinson dans ce rôle avait soulevé l'enthousiasme des téléspectateurs. Les choses commencèrent à se gâter lorsque le cinéma vint mêler son grain de sel avec le très sympa "Bean" de Mel Smith en 1997. Malheureusement ce nouvel épisode tourné par le débutant Steve Bendelack est un véritable enterrement de première classe du personnage de Mr. Bean. Rowan Atkinson a bien mal vieilli et ses grimaces habituelles ne font plus rire. De plus il est victime d'une lourdeur et d'un manque de souffle absolus dans la réalisation, d'un sujet insignifiant manquant d'originalité saupoudré d'énormes gags prévisibles et ridicules. En plus de subir un défilé d'images grimaçantes de l'acteur principal tout au long de ce film, on nous fait boire le calice jusqu'à la lie avec un final d'une niaiserie rare. Outre Rowan Atkinson à qui je conseille une retraite dorée ou qu'il change de registre, on peut se demander ce que viennent faire dans cette galère des artistes tels que Jean Rochefort ou Emma de Caunes. Seul le petit Max Baldry suscite à la rigueur de la compassion.
En fait, moi qui aime tant la parodie, le burlesque, de Jacques Tati à Jerry Lewis, j'ai assisté à ce que dans ces genres on peut trouver de pire à tel point qu'à défaut de pleurer de rire, je n'ai pu que verser des larmes de regret d'être passé à la caisse du cinéma pour assister à ce navet tellement énorme qu'à lui seul il peut tenir une bonne place dans le potager des films incultes. C'est pourquoi je n'ai qu'un désir pour les bienfaits du cinéma, c'est que cette race de gros navet ne prenne pas racine et que Steve Bendelack ne récidive pas. Je mets une étoile car "AlloCiné" ne permet pas d'en mettre moins.