Après le succès du "Petit Nicolas" en 2009,il fallait s'attendre à revoir sur grand écran les aventures du héros issu des BD de Sempé et Goscinny qui cette fois part en vacances en bord de mer avec ses parents.C'est à nouveau Laurent Tirard qui réalise,et il cosigne le scénario avec Grégoire Vigneron et le cinéaste belge Jaco Van Dormael qu'on a connu plus inspiré autrefois quand il réalisait "Toto le héros" ou "Le huitième jour".Fidélité Films,la firme d'Olivier Delbosc et Marc Missonnier,produit cette suite où l'on retrouve certains acteurs du premier opus,Kad Merad et Valérie Lemercier sont à nouveau les parents de Nicolas,François-Xavier Demaison revient en surveillant général ainsi que Daniel Prévost en patron de Merad et Jean-Michel Lahmi tient un rôle différent de celui qu'il occupait initialement.Tirard s'est comme précédemment beaucoup attaché au visuel et à la reconstitution d'époque,et comme la première fois ça donne un look figé et ça ressemble surtout à un décor de cinéma.Sur fond de dégueulade de couleurs pastel,il ne manque ni le défilé de voitures millésimées,ni les fringues sixties,ni les objets vintage.Sous cet aspect rétro-chic se développe une description d'une France disparue qui a été généralement perçue comme nostalgique,voire réac,alors qu'en vérité elle suinte la haine et le mépris du français moyen,surtout celui de ce temps-là qui apparait comme un parfait abruti.Il faut dire que ces gens votaient majoritairement à droite,quelle horreur,que la plupart d'entre eux étaient gaullo-pompidoliens,,nous défaillons,qu'ils étaient civilisés,polis et respectaient les institutions,la lose totale.De notables crétins donc,symbolisés notamment par les parents de Nicolas.Le papa est un pauvre type timoré et velléitaire,soumis à son épouse,sa belle-mère et son patron avec qui il fayote de manière éhontée.La maman est une pauvre fille frustrée et pas futée à qui un producteur de ciné italien va faire tourner la tête en lui faisant miroiter une carrière artistique.Quant à leur fils,c'est un débile de choc qui s'imagine marié à toutes les gamines qu'il rencontre et craint même d'être marié de force comme s'il s'appelait Aïcha.Autour,ce n'est pas mieux entre les hôteliers obséquieux et âpres au gain,l'architecte qui s'éclate à construire des châteaux de sable,la grand-mère pénible qui ronfle atrocement,le nabab rital tapageur et dragueur,le tenancier de la buvette borné et obsédé par son statut de patron,les anglais qui prennent des coups de soleil et la jolie blonde allemande forcément naturiste.Ce festival de la caricature est sous-tendu par les mauvais coups fomentés par la bande de mômes tarés qui se montent le bourrichon entre eux.Si dans l'ensemble les gags sont faibles,il y a parfois des lueurs humoristiques qui transpercent la médiocrité ambiante et les paysages de Noirmoutier sont bien jolis.On retrouve un peu,ponctuellement,l'ambiance agréable et insouciante des vacances d'antan,le film tentant de se frayer un chemin entre "Les vacances de monsieur Hulot" et "Liberté Oléron",sans vraiment retrouver la poésie décalée de Tati,à qui la scène du bal masqué rend hommage,ni l'ironie décapante de Podalydès.Tout ça pour aboutir à une fin bien niaise,moraliste et consensuelle.Les comédiens se débattent difficilement avec des personnages mal écrits.Lemercier en fait trop,Merad pas assez,Dominique Lavanant fait pitié en mamie neuneu,Judith Henry fait tapisserie,Luca Zingaretti se déshonore avec son cabotinage stérile.Les autres,Lahmi,Lionel Abelanski,ne font que passer et il est curieux que Demaison et Francis Perrin aient accepté des rôles aussi furtifs.Seuls à relever le niveau, l'inénarrable Daniel Prévost,qui défonce tout en deux scènes montrant deux facettes opposées du même personnage,et Bouli Lanners qui apporte l'humanité et la subtilité qui font cruellement défaut à l'ensemble.Les enfants sont mauvais,notamment Mathéo Boisselier,la tronche de constipé qui remplace Maxime Godart,atteint par la limite d'âge,dans le rôle de Nicolas.Pour couronner le tout,on envoie "La Madrague" sur le générique de fin mais attention,pas la version originale de Brigitte Bardot,femme sulfureuse blacklistée par les médias français,oh que non!On a filé le job à son exacte antithèse,la très progressiste chanteuse de karaoké ayant subi une ablation du cerveau,cette chère Camelia Jordana qui se fait un devoir de massacrer la chanson.