Les pires vacances de ma vie
Bonjour Papa Sempé, bonjour Papa Goscinny,
Je ne comprends pas pourquoi vous m'avez puni. Pourtant, quand vous m'aviez abandonné en 2009 aux mains d'un certain Tirard pour tourner mon premier film, je vous ai rapportés plein d'argent, ainsi qu'à vos héritiers. Cela s'était bien passé. On avait pris soin de moi et fait attention à mon bien être. Ma bande de copains était là : Rufus, Alceste, Eudes, Joachim et tous les autres. On s'était bien amusé et on avait fait les 400 coups.
Alors, quand vous m'avez parlé de vacances, j'ai d'abord pris cela comme une récompense. J'étais impatient de retrouver ma bande. Mais, une fois arrivé à l'hôtel, designé comme celui de Shining, mais version pourrave, j'ai compris qu'ils étaient partis de leur côté, avec leurs parents à eux. On a bien essayé de m'en refiler des pâles copies, de mes copains. Je suis encore petit mais il ne faudrait pas me prendre pour un imbécile. Ils sont nuls et je me suis seulement amusé trois minutes avec eux devant les caméras. Y'en a même un qui parle anglais et que je ne comprends pas, c'est dire si je m'ennuie.
J'ai ensuite retrouvé mon papa et ma maman de cinéma, mais c'est tout juste s'ils m'ont reconnu. Ils étaient très occupés à jouer les rôles principaux du film qui portait pourtant encore mon nom. Papa Kad essayait d'être drôle avec son nouveau copain, M. Lanners. Mais ça tombait toujours à plat et personne ne riait sur le plateau. A tel point que Papa Kad, un jour, il s'est fâché tout rouge et a claqué la porte de sa chambre. On ne l'a plus revu de la journée, Papa Kad.
Maman Valérie, elle, est restée longtemps couchée sur son transat avant de se rapprocher d'un réalisateur italien que je n'avais jamais vu dans mes aventures sur papier. Il n'était pas non plus rigolo, celui-là, avec son accent à la Michel Leeb et son déguisement ridicule de bal masqué.
J'essayais de passer de l'un à l'autre pour leur rappeler que, quand même, c'était moi le Petit Nicolas du film et que c'était mes vacances. Ils n'étaient pas contents et c'est tout juste s'ils ne m'ont pas mis un coup de pied au derrière en disant "Laisse faire les grands" avec un air méchant. J'ai même failli me noyer et que personne s'en est rendu compte. C'est seulement quand je n'étais pas là pour dire mes lignes que votre nourrice Tirard, qui cuvait son pastis pas frais, s'est inquiété. Et encore, c'est parce qu'il avait encore besoin de moi pour deux scènes importantes...
Ils ont essayé de me consoler en me poussant dans les bras d'une fille bizarre avec des gros yeux ronds comme des boules de loto, comme la fille blonde de Frankenweenie. Mais elle est pas belle et je me suis caché pendant tout le tournage pour lui échapper.
La seule qui a été gentille avec moi, c'est Mamie Lavanant. Elle me fait bien rigoler, Mamie Lavanant, quand elle yoyote et me donne des bonbons. Et elle me défend quand Papa Kad est méchant avec moi. Et là, les techniciens rient, avec Mamie. Papa Kad s'est encore une fois fâché tout rouge alors qu'il pensait être hilarant. Quand un technicien lui a dit qu'il riait à cause de Mamie, on ne l'a encore plus revu de la journée.
Je vous en prie, Papa Goscinny, Papa Sempé, venez me chercher s'il vous plaît. Je vous jure que je serai sage tout le temps, même quand je serai grand. Mais s'il vous plaît, venez me sauver, car ici, je passe les pires vacances de ma vie.