Le réalisateur des Vacances du Petit Nicolas est à n'en point douter un grand admirateur de Wes Anderson. On y retrouve peu ou prou tous ses effets de style et quelques unes de ses thématiques chéries, bien entendu le plus souvent vidés de toute leur substances et de tout semblant d'efficacité : petits dessins animés, générique en stop-motion, du jaune Poste, du bleu turquoise et des tapisseries de grand-mères partout pour l'hôtel du Beau-Rivage, des faux ciels étoilés, des personnages décalés que l'on croirait toujours en costumes, petites historiettes parallèles et même une bluette d'enfants qui finit dans les bois.
Bref, le vernis du parfait petit Wes Anderson barbouillé à la truelle sur un petit classique de la littérature française, lui-même passé au Moulinex de la comédie blafarde. Esthétique écorchée qui accumule sans maîtrise, toujours agressive et crève-l'œil. Ca, on est loin du trait de Sempé !
Pourtant je n'y allais pas du tout détestant déjà et pétri de haine. Le Petit Nicolas reste l'un de mes plus marquants souvenirs de mes lectures d'enfance... De la même façon, je ne fais pas un rejet physiologique systématique du film franchouillard et je n'ai jamais voué de haine profonde envers Valérie Lemercier (malgré les Visiteurs) ou Kad Merad et toute leur clique habituelle – la clique US m'agace déjà davantage. En plus, j'ai toujours eu une singulière affection pour les films d'été, ceux tout mélancoliques malgré le soleil qui tape, surtout quand ils mettent en scène une bande de gosses qui partent en vadrouille, battent la campagne et font des conneries pour ne rentrer qu'entre chien et loup.
Sauf que, patatras, j'avais royalement oublié que j'avais déjà vu, en tout cas noté, le premier opus et bien mal m'en a pris.
Tout d'abord, Le Petit Nicolas c'est, probablement à cause du casting qui coûte (très) cher, essentiellement ses parents. Tous deux si insupportables, si puérils, bêtes à manger du foin et d'une vulgarité sans fond mais sans la touche de subtilité de Goscinny. Non, c'est ici une caricature balourde, des gags grossiers et improbables qui s'enchaînent sans aucune cohérence , s'empilent, se nourrissent eux-même, s'enfantent et se multiplient et l'on croit que tout cela ne s'arrêtera jamais à l'Ebola-Rivage. Tout y est toujours too much et l'écriture ne frôle jamais la justesse de ton, l'équilibre du rythme.
Et donc le petit Nicolas du titre et ses potes éphémères ne sont qu'une bande totalement falote, personnages secondaires de leur propre film qui n'auront le droit qu'à quelques gags redondants (probablement repiqués au premier) dans la droite continuité de leurs parents et le dernier quart, alloué à la bluette des bois sus-citée, se permet de pousser le bouchon encore plus loin dans la balourdise et la mièvrerie. Jamais ça ne sent les vacances, le sable, l'été et tout le tintouin. Malgré ses couleurs criardes, c'est un film tout gris. Et on jurerait presque que tous, là, en maillot de bain, se les gèlent. Ils auraient dû partir à la montagne.