Ecrit, réalisé et produit par le dénommé Carl Foreman, "Les vainqueurs" est un film de guerre (anglais) en réaction, dixit son auteur, à la victoire alliée de 1945, qu'il juge relative dès lors que le Berlin d'après-guerre annonce la Guerre froide.
Le déroulement du film -proche de celui du "Bal des maudits" d'Edward Dmytryk- suit la progression sinueuse d'un bataillon de soldats américains depuis son débarquement en Sicile jusqu'à Berlin. Peu de scènes de batailles en réalité dans ce film qui se veut une réflexion sur les dommages provoqués par la guerre, sur le comportement des hommes, des combattants alliés capables du meilleur comme du pire, précisément parce ce qu'ils sont des hommes. Le cinéaste prend le contre-pied des épopées héroïques, même si son film perpétue le style de la super-production.
Pour autant, "Les vainqueurs" font un film étiré, bavard et ennuyeux. Malgré le contexte d'une action dramatique, le film est purement dialectique, introduit des discussions sans fin entre soldats ou avec des civiles des pays traversés (Rosanna Schiaffino, Jeanne Moreau, Romy Schneider), jeunes femmes belles dont Foreman semble faire l'emblême des victimes expiatoires de la violence des hommes. On philosophe mollement, et l'auteur tente de dégager des vérités fondamentales.
Sa morne mise en scène, son scénario sans relief privent néanmoins le film de toute densité ou intensité dramatique. Ce verbalisme est stérile, sans puissance, sans émotion.