Les Vampires de Salem
5.8
Les Vampires de Salem

Téléfilm de Tobe Hooper (1979)

Il est des moments dans la vie où vos pulsions l'emportent sur la logique. La soirée d'avant hier était l'un de ces moments pour moi. Alors que mon cerveau, qui est généralement assez bon analyste, me disait de résister et d'attendre un peu avant de regarder Salem's lot, mes tripes me hurlaient qu'il fallait que je le regarde là, maintenant, tout de suite. D'ailleurs, elles insistaient déjà depuis deux bonnes heures, alors que je finissais justement la lecture de l'oeuvre de King.


Mauvaise idée, tu seras déçu, trop peu de temps écoulé, la comparaison sera inévitable et les différences te sauteront aux yeux...


Et dans un moment de faiblesse, j'ai cédé.


Au bout d'une heure de film, mon cerveau triomphait : j'avais raison, l'adaptation part en cacahuète, va te coucher.


Relativement têtue de nature, je décidais hier soir de reprendre le film où je l'avais laissé et de laisser couler. Bloquer les souvenirs de lecture (dur dur) et appréhender le film comme une oeuvre originale.


De ce point de vu là, il n'y a pas grand chose à redire.
Soyons honnêtes, même si je n'ai vu le film qu'en VF, le jeu d'acteur est très correct. D'ailleurs le petit interprète de Mark est convaincant et celui du père Callahan également.
Visuellement parlant, la photo est top. Le voile grisâtre apposé sur la ville en hiver plonge vite le spectateur dans l'ambiance. Nous ne sommes pas dans l'éclatant d'une bourgade idéalisée, mais nous ne sommes pas dans la noirceur d'un film d'horreur. Tout est question de subjectivité du regard et Jerusalem's lot est en fait teintée d'une multitude de nuances de la plus claire à la plus sombre.
De plus au niveau du maquillage et des effets spéciaux, nous ne tombons pas dans le grotesque qui fait mal aux yeux. Les transformations sont crédibles, le maquillage est correct et les effets spéciaux réussis.


Les décors sont ceux auxquels on peut s'attendre et la maison des Marsten possède la juste dose de décrépitude pour la faire passer d'une glorieuse construction à un lieux sinistre qui inspirerait volontiers quelques frissons aux passants.


L'histoire se tient plutôt bien également. Étalé sur presque 3 heures, le film prend le temps de faire des tours et des détours, de s'intéresser aux habitants et de faire surgir le paranormal à un rythme plutôt agréable.


Le début et le final sont très bien pensés et apportent une réponse à la question que soulevait le livre, celle du devenir du Prêtre. Une très bonne idée à mon goût, et qui apporte un petit plus à l'histoire. Une introduction bonne qui amène une conclusion venant clore (oui, une conclusion, ça clôt, je sais) le récit de manière plus définitive et claire que le livre.


Mais venons en aux deux points négatifs de cette version.


Tout d'abord, les personnages. On a un peu le sentiment qu'ils se rencontrent et se comprennent tout de suite. Les délires de Matt sont pris au sérieux immédiatement (ou presque) par tout le monde alors même que Ben débarque dans la ville après des décennies d'absences et que la jeune Susan éprouve pour lui une certaine méfiance.d'accord, on peut avoir envie de croire en la santé mentale et en les dires de son vieux professeur, mais les liens qui se nouent au sein de la petite équipe sont un peu bâclés. (Alors qu'ils sont si bien établis et présentés dans le livre...).


Deuxième point à m'avoir vraiment chiffonné, (attention, Spoiler sur ce point) est la petite conversation que Ben entretien avec Susan avant qu'il ne la tue. Bien sûr, un vampire peut être encore amoureux et peut vouloir vous faire plaisir avant de vous croquer ! Quel besoin de préciser la nature des cris entendu par Ben dans la maison à ce moment là ? La conversation eut été plus utile avant la vampirisation, Ben étant suffisamment attaché à Susan pour ne pas vouloir la tuer illico presto !


Globalement donc, ce film se laisse vraiment regarder pour peu que l'on ait pas lu le livre juste avant. (Entre autre incohérence vis à vis du livre, le fait que Weasel ne soit pas alcoolique, qu'Eva ait eut une jeunesse délurée, que Dud soit éprit de sa petite amie et non pas un pervers, la disparition totale du père de Susan et l'antipathie presque inexistante de Madame Norton pour Ben. Et c'est sans parler de l'homosexualité présumé de Matt, qui devient un noir d'une cinquantaine d'année, du Dr Cody qui s'envoie sa patiente et de Straker qui n'est ni grand, ni chauve, ni très présent...)


Mais retournons à nos moutons. Malgré un ou deux détails, le film est plutôt bien conçu et bien réalisé, avec de bons acteurs et une musique totalement appropriée à l'ambiance. Un film que j'aurai probablement bien plus apprécié en ayant plus de patience et qui perd un ou deux points du fait du changement des personnages et de leurs liens mal tissés.

Créée

le 1 juil. 2015

Critique lue 615 fois

2 j'aime

Gaby Aisthé

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