Considéré comme l'un des titres initiateurs de la nouvelle vague locale, un premier film avec du caractère et pas mal de bonnes idées mais qui n'arrive pas toujours à passionner à cause d'une certaine froideur qui évite heureusement l'intellectualisme. Le problème provient des personnages qui n'arrivent pas vraiment à exister sur l'écran. Ils leur manquent de corps et d'un peu d'âmes. On sent les intentions mais ça manque d'assurance dans la direction il m'a semble, surtout pour le jeu de héros qui manque un peu d'unité dans son comportement. Ce sentiment provient aussi d'un narration qui n'a pas l'air de progresser avec un montage sans variation, un rythme linéaire et une musique, certes belle, mais bien trop répétitive qui finit par donner un sentiment de surplace. Et je ne suis pas sur que ça soit une manière d'appuyer la psychologie et l'évolution de ce couple. Ou alors, il aurait fallut être plus centré sur le seul personnage masculin, bien plus passif que sa compagne... Sans qu'on sache vraiment pourquoi d'ailleurs.
La réalisation alterne des moments assez plats avec d'autres séquences brillantes, tant dans leur contenu que dans leur exécution : la domestique essayant les costumes de sa patronnes (suivi d'un cours de danse), le gilet jeté dans une mare, la virée nocturne avec un anglais saoul, la copine rencontrant des amis lors d'une ballade dans un parc et le final avec les vitres brisées et le héros face aux voitures.
On sort alors d'une certaine lassitude pour un sentiment plus étouffant et mélancolique où la ville et les paysages sont assez bien filmés et participe aux états d'âmes des personnages.
Avec ce premier film et une tentative d'apporter un sang neuf au cinéma portugais d'alors (qui m'est tout autant inconnu cela dit mais qui semblait bien moribond à priori), on devine une sensibilité, une culture cinématographique et un regard affirmé qui ne demande qu'à être affûté.