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… et après le tremblement de terre, le chant des oiseaux

La bande annonce laisse envisager un scénario croustillant pour un film de genre habituel relevé d’une sauce plus féminine. Alors on y va pour passer un bon moment…Et puis le Film est là et impose son flot impétueux, et on comprend immédiatement qu’on s’est trompé … et qu’on a vraiment eu raison de venir… car MacQueen nous donne à voir un talent immense qui évoque l’art et la puissance de Scorcese. (le Titre « Widows » ne nous raccroche-t-il pas explicitement à Scorcese et ses « Departed » ?)
Le film est alors comme un tremblement de terre par son ampleur, et sa force brute. Il n’y a là aucune différence entre discours et action, aucun espace entre force et volonté. Tout est dans l’image, rien dans la didactique :
Dans l’avalanche que le film fait s’écrouler sur nous, on reconnait à la volée quelques signaux codés, mais je crois qu’on se leurre (ou qu’on se fait plaisir) si on en déduit une posture féministe (les femmes sont sans doute à la barre, mais une escort-girl qui s’assume ne peut être un étendard de leur libération), ou un débat sur les revendication minoritaire (les noirs se battent sans doute contre les blancs, mais il se moquent de la culture afro.Slam et tuent indistinctement), ou une critique sociale de la corruption politique (la critique la plus définitive en est faite complètement Off.Line, dans une voiture fermée, sans acteurs, sans spectateurs … et sans suite).
L’action elle-même n’est pas filmée comme un ensemble. Elle est morcelée dans l’éboulement. Tendresse, violence, baisers et morsures, musique et coups de feu se mélangent.
Le film ne pose alors aucune question, ni ne formule aucune réponse… il donne juste à voir des individus forcés d’agir, par nécessité extérieure (le besoin), ou par besoin de fuir (changer de vie), ou par l’infidélité des liens électifs (l’amour), ou l’incongruité de la vie (le hasard chaotique d’une élection démocratique)
… mais sans aucun objet social (de reproduction) : Ici les fautes (la religion est aussi représentée dans l’éboulement général) ne retombent pas directement sur les survivants. On ne leur demande jamais que de payer leurs traites en fin de mois (littéralement), comme à tous les autres


et puis l’acte 3 succède au 2… et on se demande si le film n’est finalement qu’un brillantissime hommage à Scorcese, mais dans une revisitation morale plutôt facile et commerciale.
A partir de là, en s’appuyant sur quelques situations arrangées, « Widows » nous laisse entendre comme un gazouillis d’oiseau promettant que les individus, grâce à leur force morale intérieure, pourraient s’extraire de l’action en vainqueurs, et que les méchants mourraient, et que les enfants pourraient mieux apprendre à lire …
Après la très forte impression qui se dégage de la première partie du film, j’espérerais mieux,
…et moins aussi: que MacQueen ne se soit pas senti obligé d’expliquer quelque chose.
… et plus pourtant : que MacQueen demande si un nouveau Scorcese pourrait encore apparaitre aujourd’hui
En parcourant les critiques (… des oiseaux aussi) particulièrement revendicatives et explicatives qui saluent ou salissent ce film, j’excuse l’inévitable et félicite résolument l’inattendu

coramander
8
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le 16 déc. 2018

Critique lue 217 fois

coramander

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