Entre deux mondes
Les Veuves de Steve McQueen commence dans un sursaut. Le premier plan est pourtant calme, paisible, blanc, aimant mais il se voit contrasté en quelques secondes par de bruyants coups de feu, par une...
le 2 déc. 2018
33 j'aime
18
⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.
La bande annonce laisse envisager un scénario croustillant pour un film de genre habituel relevé d’une sauce plus féminine. Alors on y va pour passer un bon moment…Et puis le Film est là et impose son flot impétueux, et on comprend immédiatement qu’on s’est trompé … et qu’on a vraiment eu raison de venir… car MacQueen nous donne à voir un talent immense qui évoque l’art et la puissance de Scorcese. (le Titre « Widows » ne nous raccroche-t-il pas explicitement à Scorcese et ses « Departed » ?)
Le film est alors comme un tremblement de terre par son ampleur, et sa force brute. Il n’y a là aucune différence entre discours et action, aucun espace entre force et volonté. Tout est dans l’image, rien dans la didactique :
Dans l’avalanche que le film fait s’écrouler sur nous, on reconnait à la volée quelques signaux codés, mais je crois qu’on se leurre (ou qu’on se fait plaisir) si on en déduit une posture féministe (les femmes sont sans doute à la barre, mais une escort-girl qui s’assume ne peut être un étendard de leur libération), ou un débat sur les revendication minoritaire (les noirs se battent sans doute contre les blancs, mais il se moquent de la culture afro.Slam et tuent indistinctement), ou une critique sociale de la corruption politique (la critique la plus définitive en est faite complètement Off.Line, dans une voiture fermée, sans acteurs, sans spectateurs … et sans suite).
L’action elle-même n’est pas filmée comme un ensemble. Elle est morcelée dans l’éboulement. Tendresse, violence, baisers et morsures, musique et coups de feu se mélangent.
Le film ne pose alors aucune question, ni ne formule aucune réponse… il donne juste à voir des individus forcés d’agir, par nécessité extérieure (le besoin), ou par besoin de fuir (changer de vie), ou par l’infidélité des liens électifs (l’amour), ou l’incongruité de la vie (le hasard chaotique d’une élection démocratique)
… mais sans aucun objet social (de reproduction) : Ici les fautes (la religion est aussi représentée dans l’éboulement général) ne retombent pas directement sur les survivants. On ne leur demande jamais que de payer leurs traites en fin de mois (littéralement), comme à tous les autres
et puis l’acte 3 succède au 2… et on se demande si le film n’est finalement qu’un brillantissime hommage à Scorcese, mais dans une revisitation morale plutôt facile et commerciale.
A partir de là, en s’appuyant sur quelques situations arrangées, « Widows » nous laisse entendre comme un gazouillis d’oiseau promettant que les individus, grâce à leur force morale intérieure, pourraient s’extraire de l’action en vainqueurs, et que les méchants mourraient, et que les enfants pourraient mieux apprendre à lire …
Après la très forte impression qui se dégage de la première partie du film, j’espérerais mieux,
…et moins aussi: que MacQueen ne se soit pas senti obligé d’expliquer quelque chose.
… et plus pourtant : que MacQueen demande si un nouveau Scorcese pourrait encore apparaitre aujourd’hui
En parcourant les critiques (… des oiseaux aussi) particulièrement revendicatives et explicatives qui saluent ou salissent ce film, j’excuse l’inévitable et félicite résolument l’inattendu
Créée
le 16 déc. 2018
Critique lue 217 fois
D'autres avis sur Les Veuves
Les Veuves de Steve McQueen commence dans un sursaut. Le premier plan est pourtant calme, paisible, blanc, aimant mais il se voit contrasté en quelques secondes par de bruyants coups de feu, par une...
le 2 déc. 2018
33 j'aime
18
Avant d’avoir assisté à une première projection de la réalisation Les Veuves du fameux réalisateur Steve McQueen, je ne savais pas grand-chose sur la carrière de ce cinéaste populaire, je n'avais...
Par
le 22 nov. 2018
30 j'aime
20
Avant-propos : En début d’année 2018 est sorti en salle La Forme de l’eau, de Guillermo del Toro. J’y suis allé avec la candeur du pop-corneur amateur de cinéma dit « de genre », et confiant en le...
le 2 déc. 2018
27 j'aime
12
Du même critique
c'est perturbant d'aimer des acteurs et de les voir patauger dans la soupe. c'est perturbant aussi d'aimer le mot "communauté" et de voir s'allonger la liste des films communautaristes. Lellouche...
Par
le 7 nov. 2018
1 j'aime
Il serait dommage et injuste de ne voir dans ce film que l'histoire banale d'un couple soumis a des vents contraires où l'un des deux se retrouve brutalement seul ... à la barre par gros temps ... en...
Par
le 14 oct. 2018
1 j'aime
La bande annonce laisse envisager un scénario croustillant pour un film de genre habituel relevé d’une sauce plus féminine. Alors on y va pour passer un bon moment…Et puis le Film est là et impose...
Par
le 16 déc. 2018