Il serait dommage et injuste de ne voir dans ce film que l'histoire banale d'un couple soumis a des vents contraires où l'un des deux se retrouve brutalement seul ... à la barre par gros temps ... en s'occupant de ses enfants sur ce qui lui en reste.
Dommage... mais tristement significatif ... à tout prendre... de la justesse et de l'actualité de l'argument développé par Senez.
Injuste... mais particulièrement instructif si l'objet du film est de montrer à quel point il est devenu difficile à chacun de se représenter un "nous" collectif qui dépasse le cadre familial.
Sous ces hypothèses, que nous re-présente le film ?:
Un environnement économique et social dramatique ou chacun s'isole dans un rôle de prédation qu'il accepte à contre-cœur ... ou a contre-emploi. Des gens qui désertent le jeu plus ou moins tragiquement. Des syndicalistes souffrant la solitude (...dès lors qu'ils s'intéressent aux non syndicalistes).
Face à cela, un homme avec une indéniable sensibilité (de classe...) qui restera pourtant convaincu que sa femme l'a quitté pour des raisons inter-personnelles (de couple...), aidé par sa mère, soutenu par sa sœur, maintenu a flot par ses enfants, soigné par un psy concentré sur les libertés individuelles.
La parole, un moment mutique, ne dira jamais que celle qui est partie réagissait à un contexte extérieur trop violent pour elle, et à un système d'exploitation largement décrit pourtant, où la culpabilité de chacun est questionnée.
Le repliement sur le noyau familial est patent. Pourtant, si le titre nous annonce "nos batailles" alors qu'il semble dire "mon combat", c'est qu'il tente de développer une perspective d'engagement collectif... en contre jour des apparences: Olivier finira syndicaliste ... pour raisons personnelles. Parce qu’il ne peut rester dans sa maison, et parce qu'il ne veut pas accepter une promotion qui l'obligerait à être quelqu'un d'autre.
L'Histoire avance de travers parait il. C'est par ce qui perdure malgré tout qu'elle s'affirme.
Que le "Nous" survive après sa désagrégation en "Moi" est l'espoir porté par ce film.
N'y voir que les aléas d'une trajectoire familiale, ce n'est pas lui rendre justice... et ne pas recevoir le message porté par un jeu d'acteurs exemplaire.