Guillaume Senez avait créé la surprise avec un premier film tout en sensibilité : Keeper. Il nous revient avec Nos batailles, tout aussi excellent, sur un sujet qui n'avait rien de particulièrement excitant sur le papier. L'histoire est celle d'un homme très pris par son travail en usine et qui se repose sur sa femme pour élever ses deux enfants. Jusqu'au jour où son épouse disparait. Rares sont les films qui réussissent à parler des vies professionnelle et familiale avec une telle justesse, sans une seule fausse note. Tout y est vrai comme le quotidien avec ses contrariétés, ses violences et ses solidarités. Et cela avec une mise en scène discrète et d'une fluidité parfaite, sans effort apparent, alors que pour parvenir à un résultat aussi naturel, notamment dans les scènes avec enfants, il faut énormément travailler avant et pendant le tournage. Avec sensibilité, toujours, mais aucune sensiblerie et une dignité constante y compris dans les scènes les plus risquées de craquage ou d'effusions sentimentales. Le cinéaste confirme également qu'il est un directeur d'acteurs émérite, donnant à Romain Duris l'un de ses plus beaux rôles, dans un registre fragile, et valorisant les excellentes Laetitia Dosch et Laure Calamy. Avec au final un ton mélancolique et euphorisant, cocktail relativement inédit dans le cinéma français d'aujourd'hui.