Nos batailles accumule les qualités comme autant de réussites qui confinent aux petits miracles. Alors qu'il traite de sujets on ne peut plus graves (crise sociale, chômage, malaise et pression dans le monde du travail, dépression, abandon du domicile familial), il avance avec une infinie délicatesse, parvenant même à faire naître de vraies bulles de drôlerie lors d'instants pourtant rarement légers, et rend visuellement le drame très douillet grâce à des décors chaleureux et une photographie douce.
Si dans les premières minutes du film on redoute que Romain Duris flotte un peu dans un rôle typiquement taillé pour Vincent Lindon, l'acteur finit par être tout à fait crédible en syndicaliste modèle et gentil papa dépassé mais jamais découragé. Il est entouré de trois actrices parfaites et d'une galerie de seconds rôles tous très justes, casting au cordeau mis en valeur par la réalisation appliquée et libre de Guillaume Senez, qui ose et maîtrise l'art du plan séquence comme un espace de vérité pour des dialogues et situations qui touchent au naturel.
Si l'issue des guerres (sociales et intimes) reste incertaine, ces batailles sont en tout cas gagnées, et en beauté.