"Les vierges", ou comment les filles d'aujourd'hui, c'est à dire de 1963, perdent leur virginité. Ce titre un peu leste semble annoncer une gaudriole que le film de Mocky n'est pas, en tout cas pas seulement...Car, en réalité, la comédie -ce en quoi elle se distingue de la vulgaire pochade- est une corrosive satire de moeurs et, dans certains cas, des comportements masculins.
Au conformisme et au puritanisme de la société française de l'époque, Mocky oppose la fraicheur de cinq jeunes filles (dans cinq sketches liées entre eux un peu à la façon de "La ronde" d'Ophüls) dont il narre, entre provocation et trivialité, les conditions de leur dépucelage. Malicieuses, sacrifiées, déterminées ou candides, les vierges de Mocky font figures, chacune à sa façon, d'héroines modernes en ce sens où elles refusent la contrainte sociale et morale où on les tient. Ce sont d'une certaine manière des filles scandaleuses dans la mesure où, hormis l'une d'elle, ce sont elles qui décident qui et quand. On n'en est pas encore aux revendications féministes mais on s'en approche...
Toutefois, si on apprécie l'impertinence et l'audace du cinéaste et qu'on savoure aussi les figures extravagantes que Mocky généralisera au fil du temps, les scénarios de ces aventures sentimentalo-égrillardes semblent banals, voire désuets, en ce qu'ils se démarquent finalement assez peu des comédies légères de l'époque.