LES VIES DE THÉRÈSE (Sébastien LIfshitz, FRA, 2016, 55min) :
Après le remarquable Adolescentes sorti en salles en septembre 2020, et à l’occasion de la diffusion sur la chaîne ARTE du bouleversant documentaire Petite fille de Sébastien Lifshitz, coup de projecteur sur l’une des œuvres les plus réussies de cet éminent réalisateur.
Ce documentaire intime et émouvant sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes 2016 et lauréat de la Queer Palm, décrit la fin de vie de Thérèse Leclerc l’une des grandes figures militantes du féminismes. Cette combattante en faveur de l’avortement, pour l’égalité des droits entre les hommes et les femmes, sans oublier ses engagements a lutté sans relâche contre toutes les formes de discriminations homosexuelles. Elle apprend aujourd’hui qu’elle est atteinte d’une maladie incurable et décide de jeter un dernier regard tendre et lucide sur ce que fut sa vie, ses combats et ses amours.
Sébastien Lifshitz nous émeut particulièrement en filmant à la demande de Thérèse Leclerc, les derniers jours de sa vie car “Le déni de la vieillesse et de la mort me chagrine. On va filmer jusqu’au bout, et bravement !” dit-elle. Le réalisateur pris d’amitié pour cette femme extraordinaire depuis l’admirable documentaire Les invisibles (2012), dont Thérèse Leclerc était l’un des personnages les plus atypiques ne peut refuser cette demande. Le réalisateur se met donc à documenter sa fin de vie, à base de multiples témoignages de cette grande dame utopiste et citoyenne, d’archives personnelles qui éclairent tous les combats, de récits touchants des proches. La mise en scène sensible capte le regard lucide de son héroïne : “On va voir la dégradation” souligne t-elle, avec une dignité absolue dans la souffrance, avant d’affronter la nuit, survenue en douceur le 16 février 2016.
Le récit est personnel mais pudique, la caméra de Sébastien Lifshitz, toujours à la bonne distance, s’avère d’une tendresse infinie, et certains plans sont empreints d’une poésie et d’un amour délicat totalement poignant. Il faut se souvenir, notamment des belles choses. Et je garde donc en mémoire, sans flancher, la longue standing ovation au sein de l’élégant théâtre Mariott sur la croisette cannoise à l’issue de la projection, qui témoigne de l’impact émouvant de ce bouleversant documentaire de 55 minutes.
Comme il n’est jamais trop tard pour rendre un dernier hommage, n’hésitez pas à embrasser comme il se doit : Les vies de Thérèse. Une œuvre attachante et nécessaire, puisqu’elle va droit au cœur. Grave. Drôle. Universel.