Pierre Fresnay, Noël-Noël et, surtout, Jean Gabin se livrent ici à un concours de cabotinage où, semble-t-il, c'est à celui qui criera le plus fort. Leur composition de petits vieux de la campagne, avec l'accent et les expressions du terroir, relève de la grimace et de la caricature. Envahissants jusqu'à effacer les dialogues, étrangement ternes, de Michel Audiard, les trois comédiens s'oublient dans une comédie artificielle que Gilles Grangier filme avec une totale absence d'idée.
Sur la route de leur prochaine maison de retraite, les trois vieux (pas tant que ça quand on connait l'état-civil des comédiens) causent du temps jadis, se chamaillent, tout en se livrant, indignes vieillards, à des blagues de collégiens.
Comment les auteurs, adaptant René Fallet, ont-ils pu penser un instant que ces personnages, beuglant et gesticulant, pouvaient dépasser le simple et insignifiant numéro d'acteurs? Les comédiens, outranciers, en sont les premières victimes. De loin en loin, quelques considérations sur la vieillesse nous font mieux mesurer ce qui sépare ces figures factices de la ruralité, artificiellement pittoresques, d'une vraie comédie de moeurs.