Si je devais choisir LA comédie culte des années 90, nul doute que Les Visiteurs serait dans mon top 3. Seconde collaboration du trio Poiré/Reno/Clavier, c'est avec ce film que tous trois ont connu la prospérité ( comique, tout du moins ). Faut bien dire que L'Opération Corned Beef n'allait pas leur donner le statut d'humoristes cultes. Loin de là.
Un grand film, donc, qui vaut surtout par son excellente gestion des rythmes et du tempo. Le montage, efficace et bien travaillé, décuplera l'effet de nombreuses scènes de comédies ( encore qu'il sera parfois légèrement loupé, en témoigne la scène de dîner, quand nos deux lurons se mettent à chanter ), déjà bien appuyé par une mise en scène réussie de Jean-Marie Poiré.
Ayant déjà fait ses armes sur Le Père Noël est une ordure et Papy fait de la résistance, l'artiste nous livre sûrement sa meilleure composition. Les plans sont bien cadrés, la réalisation très honorable; j'ai particulièrement apprécié ce travail des visages caractéristique des longs de Poiré. Sa marque de fabrique qu'il perdra au fil du temps, en même temps que son talent.
Des jeux de visages qui rendent le tout parfaitement comique; il faudra les apercevoir, ces deux hommes du Moyen-Age, observer les gosses de leur descendance. Répugnants autant qu'ils sont comiques, on serait presque portés à dire que "c'est des malades !", comme l'atteste leur jeu imposant.
D'un côté, un Clavier qui trouvera le rôle de sa vie, pianotant sur les cordes de l'humour pour nous pondre une musicalité comique d'enfer. Répétitif mais très efficace, il se complet dans la laideur et la rudesse d'esprit, incarnant un homme drôle par son côté rustique. Il est l'opposé même de son compère, le célèbre Jean Reno.
Tout en classe et en charisme, l'homme arbore une prestance de roi, se voulant être le meilleur acteur du film. Il faudra voir cette conclusion de l'histoire entre Lemercier ( à mille lieux de sa remplaçante, qui sonne toujours faux ) et ce Hubert de Monmirail; conclusion quelque peu outrancière et théâtrale, il est vrai, mais qui n'en demeure pas moins émouvante. On sent l'émotion se verser sur l'âme de Jean Reno, affluer de tous les côtés pour l'assaillir comme les "sarrasins" s'en prendraient à de vielles murailles.
Grand film que celui-ci, comédie au rythme terrible qui s'emballe en tiers de longueu pour n'en plus finir, redoublant d'inventivité et de très bonnes idées ( encore que le concept rappelle étrangement C'était Demain, avec Malcolm Mcdowell ), Les Visiteurs est une oeuvre pionnière de la comédie française, un film horriblement malmené par ses suites désastreuses. Nul doute que l'on tient là un trio qui fit des miracles, des mirails. Monmirail? Non, leur miracle...
Critique publiée sur le blog.