Gênant, c'est ainsi que je qualifierais mon visionnage de ce film dont je pensais pouvoir attendre beaucoup mais qui au final, les semaines avançant s'annonçait comme un flop monumental. Ce fut presque le cas. Malgré un casting qui me paraissait alléchant, après avoir vu la bande annonce j'avais compris que tout cela commençait "à puire la merdasse".
Le film n'est pas totalement mauvais. Mais il est bancal, comme inachevé, brouillon, grossier, à l'instar des dialogues volontiers scatophiles et totalement anachroniques. En effet, la multiplication des termes injurieux et caca-prout finit par égratiner le beau lambri de la période révolutionnaire. Le comble est atteint lorsque Robespierre nous gratifie de flatulences après un copieux diner. On ne pouvait pas mieux écorner à coup de gros sabot la Grande Histoire.
La Révolution n'était pas une idée idiote à la base. En effet, la période était propice aux intrigues et aux frasques les plus fous. L'enjeu était également tout trouvé : la descendance de Godefroy de Montmirail menacée et la famille de Jacquouille revancharde. Mais voilà l'enjeu est presque aussitôt éludé. De plus le film effleure l'idée à un moment que les rôles s'inverse, que le serf devient le maître et que le maître devienne valet. Mais cela est rapidement évacué. En fait le film est en roue libre. L'intrigue se réduit au simplisme : rentrer chez soi et le reste c'est du meublage par des disgressions diverses et variées. Les enjeux dramatiques s'amenuisent. Les personnages passent et repartent sans autre forme de ménagements, oubliables. Les situations s'enchaînent, les dialogues aussi. Le film est très verbeux avec des dialogues mal écrits, ce qui est dommageable.
De ce fait, les acteurs ne s'en sortent pas. Reno et Clavier sont totalement effacés, vieillis et cela se voit bien trop malheureusement, malgré une astuce scénaristique. Syvie Testud, dont j'attendais beaucoup, incarne une Charlotte Robespierre trop bavarde, presque niaise avec ses visions égalitaristes totalement anachroniques. C'est là un autre défaut du film : sa méconnaissance profonde de la période révolutionnaire. Il a pris le risque de s'intéresser à la Terreur, une période plus complexe et ambigue qu'il n'y parait et Clavier et Poiré y vont de leur gros sabots. Voilà le défilé des révolutionnaires, Collot d'Herbois, Marat, Robespierre, Saint-Just... Autant de noms illustres qui défilent sans plus de ménagement. Voilà qu'on nous sert des clichés sur les droits des femmes (pourtant très limités à l'époque), un noir (alors que les unions mixtes exécraient n'importe quel citoyen, pour l'écrasante majorité catholique). Bref, cette "bien-pensance" m'a quelque peu agacé. Sur le plan de la mise en scène par contre, le film reconstitue parfaitement l'époque y compris les styles de meubles, d'aménagements que les costumes. Sur ce point là, c'est très très propre. Ajoutons les décapitations à la pelle, pas du tout masquées, les clichés sur les sans-culotte, la froideur terrible de Robespierre, les aristocrates risibles, et tout ce beau lambri est vite gâché. Le palme de l'agacement revient à Karine Viard dont le personnage m'insupporte. Alex Lutz est quelque peu effacé. Dubosc est étonnament sobre et son personnage est assez loin du comique. Ary Abittan est peut-être le seul qui m'a fait un peu rire en marquis véreux et pleutre. Marie-Anne Chazel reste parfaitement dans le ton de son ancien personnage (Dame Ginette) et parvient du coup à arracher quelques sourires.. Pascal N'Zonzi on le voit finalement assez peu et il joue plus ou moins le même rôle que dans Qu'est ce qu'on a fait au bon dieu. La femme de chambre des Montmirail, avec son accent jovial, est également assez amusante.
Mais parlons du rire justement. On rit peu, une ou deux fois tout au plus. On sourit souvent mais ce n'est pas suffisant. Quelques gags sont bien trouvés. Les gaffes de Jacqouille dans la baignoire de Marat sont une allusion à l'Histoire plus subtile que le reste du film. Parfois un personnage se cite parlant à coup de grandes phrases (c'est le cas de Robespierre qui glisse ses propres maximes dans ses dialogues mais c'est trop noyé pour ressortir, dommage). Les blagues sont lourdes ou déjà vues. Les situations sont souvent gênantes, mal amenées. On oscille dans une convulsion labiale, entre dépit et sourire. Le début du film est affligeant. La scène du procès est ratée alors qu'elle offrait une véritable opportunité. Les running gag ne font pas mouche, même auprès des enfants.
Film de troupe, de franchouillardise bancale, raté mais pas dramatiquement, ce nouveau Visiteur est davantage un film d'aventure historique qu'une comédie historique. Le film est une longue déroute des personnages qui s'y égarent en chemin. Le rire s'efface pour la gêne. La bande originale est superbe comme toujours, la première scène, médiéval et onirique nous fait rêver mais cela se gâte trop vite. La fin est prometteuse et laisse envisager une suite et finalement je commençais à ressentir un peu de plaisir dans le dernier quart d'heure. Mais voilà le filme patine, patauge de ces acteurs patauds. Il n'est pas avard en rebondissements, en costumes et en actions. Il se veut généreux, mais comme cet ami collant et grossier qui vous colle au basque. Tout cela est un peu vain. On sent le film sincère dans sa volonté de faire quelque chose mais il n'y avait rien à faire. C'est un quasi-navet et finalement, on oscille entre la gêne et le dépit.