Tiens, voilà du boudin

˗ Ah, mon fidèle Jacquouille ! Si cet alchimiste sénile a dit vrai, nous sommes enfin chez nous et je pourrai revoir bientôt mon donjon et ma mie... Je célèbrerai enfin épousailles et lui ferai digne descendance... Mais ? Jacquouille, où es-tu ? Tu te caches encore, je parie, vil maraud...

˗ Messire ! Messire !

˗ Ah ! Te voilà enfin, coquin !

˗ Messire ! Messire ! L'enchanteur a merdassé ! Il a merdassé ce con ! Ca puire comme la dernière fois et j'ai encore vu plein de chariottes du diable, celles qui n'ont point besoin de chevaux pour tirer !

˗ Tu me dis que nous sommes toujours bloqués dans les couloirs du temps, le gueux ?

˗ Oui Messire, le vieux il a gatouillé sa formule ! On est perdu ! On est perdu mon seigneur !

˗ Calme toi mon fidèle suivant, je vois là des manants en train de faire la queue. S'ils sont là, c'est qu'il doit y avoir ici présence de quelque seigneur à qui demander preste audience pour nous porter assistance.

˗ Mais Messire, regardez, il y a des sarrasins parmi eux ! Ils ont réussi à conquérir le royaume françois...

˗ Je les pourfendrai de mon épée, crois le bien ! Regarde un Montmirail à l'oeuvre. Montjoie ! Saint-Denis, meurs donc, vil au teint bis !

˗ Z'y av ! C'est quoi ce costume de clown ? Y veut quoi l'aut' avec son épée de fête foraine ?

˗ Ce n'est point lame factice l'envahisseur ! Rends gorge ! Nous voulons voir prestement ton seigneur, mauresque ! Nous requérons audience moi et mon suivant. Refuse et nous croiserons le fer.

˗ Moi ? Je veux voir Les Visiteurs La Révolution, mais si tu veux passer devant...

˗ J'accepte ton offre éclairée. Tu es sage et avisé, sarrasin. Viens avec moi Jacquouille ! Nous allons tailler la route et faire entendre raison à cette vile populace...

Une fois dans la salle

˗ Jacquouille, on a proféré mensonges à mon nez et à ma barbe ! Point d'audience privée avec le seigneur des lieux...

˗ Kfff ! Kfff !

˗ Tu t'étrangles maraud ! Mais, mais, qu'est ce là ce breuvage marronnasse qui ressort des trous de la patate qui te sert de naseaux ?

˗ Ah Messire ! Ca gratte le gosier et ca pique dans le nez quand ça repasse. On dirait quelque remède infect de l'enchanteur.

˗ Fais voir, fripouille ! Où as-tu volé cesla ? On dirait la vile défécation du seigneur Aymeric d'Issoudun quand il se vidait par le haut et par le bas en même temps, la fois où une saleté de gueuse lui avait pratiqué sorcellerie. En tout cas, ça en a la couleur.

˗ Je l'ai eu contre quelques écus avant d'entrer, ils appellent cela du cocacola.

Montmirail boit le reste

˗ Ah ! Ca pique et ca ramarre les boyaux ah ah ah ! Ecoute celui-là vil faquin !

Il ouvre la bouche et émet un rot à tout rompre

˗ Ah ! Ce breuvage est bon pour faire sortir les humeurs, mon Jacquouille ! La couleur n'est point délectable mais c'est estrange comme cela fait du bien.

˗ Messire ! Il fait nuit tout à coup ! Et regardez, ça bouge sur le drap blanc !

˗ Mais c'est nous, Jacquouille ! Vilainie diablesque ! Ah ! Mais qu'est ce que tu es vieux et vilain ! Je m'en étais jamais rendu compte à quel point.

˗ Et vous Messire, vous êtes épais comme deux culs de vache.

˗ Mais qu'est ce cette époque honteuse ! Les gueux prennent le pouvoir et on décapite les nobles sangs. Quels temps sombres !

˗ C'est la révolution Messire Godefroy. Mais ? Mais ? Ca ressemble un point à nos premières aventures. On a déjà vu ces passages qui font rire ! Là où vous êtes dans la chariotte et qu'on vous dit que vous avez terrible odeur.

˗ Tais-toi couard ! Nos primes exploits étaient bien plus sujet à esclaffe que cette paresseuse résucée.

˗ Mais c'est là seulement qu'on esquisse sourire, Messire ! Sauf que c'est moins franc parce que le décalage entre les époques est gommé. Quelle mauvaise idée de faire chanson sur nos aventures à cette période ! De toute façon, y'a que quand on est sur la toile que c'est potable à regarder sur le drap blanc.

˗ Hmm... A vrai dire tu n'as point tort, Jacquouille. Tu es finalement sage dans ta simpleté. Parce que quand je vois une de ces viles nouvelles figures, j'ai envie de m'exercer à la mornifle. Sur la capsule d'Ary Abittan en tête, imbuvable, énervant et ridicule dans ses collants de ménestrel.

˗ Et sur Franck Dubosc qui est toujours aussi pathétique...

˗ Et sur le sire Lutz qui fait dans ses chausses... Il est couard et tout transparent, pire que le comédien qui a fini dans les douves parce qu'il ne faisait rire personne au dernier repas du seigneur de Tulle. Ah ! J'allais oublier la gueuse qui roule toujours des yeux avec sa perruque gonflable !

˗ Aussi Messire ! Mais tant de mornifles, vos mains rougeoieraient. Laissez les moi, que je saute dessus et que je les morde !

˗ J'en réserverai bien une aussi à l'enchanteur d'images qui a eu l'outrecuidance de ne point nous rendre justice. Qu'on fasse venir ce vil escroc pour que je donne son corps aux porcs ! Je lui dirai avant que ses ménestrels ne font que s'égosiller au point que j'en ai attrapé misgraines. Telle hystérie n'aurait jamais eu lieu d'être. Ventre Saint-Gris, fatiguer un Montmirail sans qu'il ne livre bataille est chose qui ne peut rester impunie.

˗ Et puis Messire Godefroy, qu'est ce que je me suis ennuyé ! La première heure n'est que paresseuse résucée, mais la suite finasse jusque dans une fin qui n'en finit pas de ne pas finir. Ca m'a donné soif de vinasse ! Et ces scènes scato à base de pétouilles dignes d'un Scary Movie ! Pour en arriver là, l'écrivain ne devait plus avoir idée pour sa chanson merdassée...

˗ Enfin, c'est fini Jacquouille ! A genoux et prie avec moi, pour que l'enchanteur d'images qui bougent ne compose pas un autre de ces affreux poèmes... Jacquouille ! Prie ! Hosanna pour notre tout puissant...

˗ Mais Messire, vous n'avez point écouté le Jacquouille sur le drap blanc ? Il a dit qu'il ne fallait plus dire Hosanna ! Qu'il fallait chanter Hourra c'est plus laïc... Aïe !

˗ Prie prestement ou je t'éventre et répands tes entrailles par terre. Hosanna.

˗ Hosanna Messire.

Behind_the_Mask, qui fait une indigestion de boudin.