Attention : cette critique comporte des spoilers.
Enfin ! Après 20 ans d'attente, Godefroy le Hardi et son fidèle écuyer Jacquouille la Fripouille sont de retour sur grand écran ! Qui n'a pas été frustré de la fin des couloirs du temps qui laissait forcément présager une suite? Les années passant, l'espoir de cette suite a petit à petit diminué, jusqu'à ce jour de 2016 ... Enfin, les Visiteurs sont de retour !
Mais pour quel résultat? La trilogie des Bronzés a suivi le même chemin, deux premiers films très rapprochés et la suite plus de 20 ans plus tard. Une suite, n'ayons pas peur des mots, nulle et même vulgaire, aux antipodes du génie comique que représentaient les Bronzés et les Bronzés font du ski. Les Visiteurs : La Révolution allait-elle suivre le même chemin? Les bandes-annonce, peu convaincantes, pouvaient le laisser craindre. Tout comme les premières critiques.
Mais pas question de bouder son plaisir. Ce film est probablement celui que j'ai le plus attendu depuis ces 20 dernières années. Premier point positif, les références aux deux premiers opus sont légions. Le langage de Jacquouille, typique du 20e siècle, alors qu'il est issu du Moyen-Age et qu'il se trouve en pleine Révolution Française (vous suivez?) fait mouche. "Il n'y a point Jour/Nuit, c'est nul !", "un Sarrasin !" ou autre ""et on lui pèlera le jonc" sont autant de rappels à des scènes mythiques des deux premiers volets.
Mais attention, Les Visiteurs : La Révolution n'est pas une vulgaire repompe de ce qui avait fait le succès de ses prédécesseurs. Il possède une identité propre, et est probablement le plus intéressant à suivre d'un point de vue historique, ne serait-ce que par le nombre de personnages ayant fait l'histoire de France présents. Si seuls Louis VI Le Gros et Bonaparte (pour une micro-apparition à la fin des couloirs du temps) étaient présents préalablement, on peut ici citer Robespierre, Fouché, Saint-Just ou autre Marat. Autant de raisons d'ouvrir un livre d'histoire après avoir vu le film.
Justement, quid de la distribution? Bien entendu, Christian Clavier et Jean Reno reprennent leur rôle. En revanche, point de Valérie Lemercier ou Muriel Robin, point de Christian Bujeau. Marie-Anne Chazel est bien de retour, mais dans un rôle différent, celui d'une sans-culotte, peut-être de la famille de Dame Ginette. Pour le reste, le casting est brillant avec des acteurs d'univers bien différents et jouant leur rôle à la perfection. Franck Dubosc, Karin Viard, Sylvie Testud, Alez Lutz ou encore Lorant Deutsch accompagnent des acteurs découverts grâce à la fabuleuse série Kaamelott (Joelle Sevilla, Serge Papagalli, Guillaume Briat) ou grâce au très bon Qu'est ce qu'on a fait au bon Dieu? (Ary Abittan, Pascal Nzonzi, Frédérique Bel). Un casting peut-être même tellement dense qu'on se perd parfois dans tous ces personnages ...
La force du scénario est également d'évoluer dans une époque durant laquelle les nobles, et donc la famille de Montmirail, subissent la révolte des "petites gens" parfaitement représentés par Jacquouille. Une scène très amusante en ce sens montre la Fripouille obliger Godefroy à porter l'ensemble des bagages.
La fin du film, quant à elle, va satisfaire de nombreux fans, ou, a contrario, les décevoir car elle laisse forcément présager une suite, à l'instar des couloirs du temps. La potion emmène cette fois-ci nos deux héros en pleine seconde guerre mondiale, avec le château des Montmirail réquisitionné par les soldats nazis. Un final qui nous permet d'avoir le plaisir de retrouver Götz Otto (Demain ne meurt jamais, La Chute) dans le rôle d'un officier allemand. Un final qui nous permet, malheureusement, de relever une incohérence de scénario. Le jeune Jacques-Henri Jacquard, qui a alors une dizaine d'années durant cette seconde guerre mondiale, aurait environ 60 ans dans les années 1990, lorsque se passent les deux premiers films. Or, il semble alors en avoir plutôt facilement 20 de moins. Les Visiteurs 3 comportent plusieurs petites erreurs (le nom de la mère de Jacquouille par exemple) mais celle-ci est la plus "choquante".
Soyons clairs. On rigole moins dans ce troisième opus des Visiteurs que dans les deux premiers volets, mais on s'amuse tout de même. Contrairement aux Bronzés 3, le pari d'un retour 20 ans plus tard est réussi. Il est également bien meilleur que les Visiteurs en Amérique. Espérons juste qu'on n'attende pas encore 20 ans avant un quatrième opus, qui semble inévitable ...
Le film mérite un 6/10. Pour le bonheur de retrouver Jacquouille et Godefroy après toutes ces années, j'offre avec plaisir un point supplémentaire.