De bonnes intentions et un sujet nécessaire pour un drame dystopique fauché et surtout maladroit.

Danis Boulet pour son premier film en tant que réalisatrice a vu les choses en grand mais avec un petit budget. C’est difficile souvent, mais certainement pas impossible de réaliser de grands films de cette manière. Entre autres exemples dans la science-fiction et les films dystopiques réussis et mémorables, on peut citer le politique et illustre « District 9 » de Neil Bloomkamp ou encore le poétique et sublime « How I live now » du britannique Kevin McDonald. Peu de moyens mais de grandes ambitions rendues possibles grâce à l’imagination et au savoir-faire de ces réalisateurs qui donnent de grands films. Dans « The Night Raiders », malheureusement, l’idée de base et les velléités artistiques ambitieuses avaient beau être de mise, le résultat est maladroit et parfois chaotique. C’est d’autant plus frustrant que tout cela aurait pu être magistral à tous niveaux mais il fallait avoir les épaules.


Les problèmes entourant les nations autochtones sont au centre de nombreuses polémiques au Canada, notamment ces pensionnats où on obligeait les enfants des Premières Nations à être assimilés à la culture occidentale. C’est une polémique récurrente et encore d’actualité aujourd’hui, une blessure pour toute une nation. A travers le récit d’un monde futuriste sortant d’une guerre où tous les enfants deviennent des pupilles de l’État dans des pensionnats semblables, Boulet tente de construire un drame de science-fiction où les autochtones sont les héros du film et ceux qui peuvent sauver leurs semblables de la tyrannie. Pourquoi pas, mais les parallèles sont maladroits et se marient mal à un film d’anticipation tandis que le cœur du sujet et les intentions sont noyées dans l’aspect suspense. Un suspense qui a du mal à nous tenir en haleine sur le long terme. Les références à ce passé trouble sont trop diffuses pour que le grand public les saisisse tous. C’est comme si la cinéaste avait été dépassée par l’ampleur de son sujet.


L’univers créé pour l’occasion est assez crédible et malgré le budget qu’on suppose minuscule, « The Night Raiders » ne s’en sort pas trop mal et les rares effets spéciaux sont concluants, écartant le film du ridicule et de la série Z. Tant mieux, surtout que le ton est très sérieux. Mais on a du mal à être émus par le sort des deux héroïnes, leur psychologie est trop sommaire comme la plupart des personnages et on ne saisit pas toujours bien les tenants et les aboutissants de toutes les parties. Quant au contexte dystopique, il reste trop flou pour qu’on s’y investisse vraiment. Quid de cette guerre? Où sommes-nous? Qui sont ces gens de l’Académie ainsi que les résistants? Trop de questions pour une œuvre aux contours mal dessinés. Ne pas savoir est parfois pertinent, on doit se faire ses propres conclusions mais ce procédé colle mal à ce film. Les scènes d’action sont banales, hormis le final plus réussi. Finalement l’ennui pointe souvent le bout de son nez, la faute à un rythme parfois brinquebalant. Les meilleures intentions ne font pas toujours les meilleurs films c’est bien connu...


Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.

JorikVesperhaven
5

Créée

le 16 oct. 2021

Critique lue 640 fois

3 j'aime

Rémy Fiers

Écrit par

Critique lue 640 fois

3

D'autres avis sur Les Voleurs de la nuit

Les Voleurs de la nuit
joma
7

La gardienne de la gardienne

Une mère tente de sauver sa fille dans une société où les enfants sont séparés de leur famille et éduqués par l'Etat. La misère, les squats dans une société futuriste sous autorité militaire.Ce film...

Par

le 7 mai 2023

1 j'aime

Les Voleurs de la nuit
AntoineNaccachian
7

Akewo Wakaanabe Kiniugawa sista

En français : agréable surprise, pas une seconde d'ennui, bien au contraire, un insatiable désir d'avancer dans un pitch qui n'en mène pas large à la description. Pourtant, l'aspect lutte...

le 9 déc. 2021

1 j'aime

Les Voleurs de la nuit
cineMANbis
6

Dystopie chez les Indigènes

Petite série B dystopique sobre et pas déplaisante mais limitée par un budget un peu mince. Et y'a pas que les All Blacks en Nelle Zélande!!!

le 28 oct. 2023

Du même critique

Les Animaux fantastiques - Les Crimes de Grindelwald
JorikVesperhaven
5

Formellement irréprochable, une suite confuse qui nous perd à force de sous-intrigues inachevées.

Le premier épisode était une franchement bonne surprise qui étendait l’univers du sorcier à lunettes avec intelligence et de manière plutôt jubilatoire. Une espèce de grand huit plein de nouveautés,...

le 15 nov. 2018

93 j'aime

10

TÁR
JorikVesperhaven
4

Tartare d'auteur.

Si ce n’est une Cate Blanchett au-delà de toute critique et encore une fois impressionnante et monstrueuse de talent - en somme parfaite - c’est peu dire que ce film très attendu et prétendant à de...

le 27 oct. 2022

91 j'aime

12

First Man - Le Premier Homme sur la Lune
JorikVesperhaven
4

Chazelle se loupe avec cette évocation froide et ennuyeuse d'où ne surnage aucune émotion.

On se sent toujours un peu bête lorsqu’on fait partie des seuls à ne pas avoir aimé un film jugé à la quasi unanimité excellent voire proche du chef-d’œuvre, et cela par les critiques comme par une...

le 18 oct. 2018

81 j'aime

11