Énième adaptation des aventures du voyageur imaginé par Jonathan Swift (la quatrième en film-live pour les plus curieux), Les Voyages de Gulliver version 2010 met en scène le comique Jack Black dans la peau du rôle-titre. Alors que faut-il penser de cette nouvelle adaptation ? Et bien tout simplement un film sur Gulliver avec Jack Black.
En effet, l'intrigue restant globalement fidèle au roman (certains passages ayant été naturellement coupés par souci de rythme et pour tenir sur une durée convenable) tout en étant transposée à notre époque pour le personnage central (une mode récurrente, en témoigne le récent Voyage au centre de la terre 3D). Tour à tour géant puis minuscule, notre héros va vivre des aventures incroyables au moyen d'effets spéciaux plus ou moins réussis et d'une 3D omniprésente (cette mode me sort décidément par les yeux).
Le seul problème réside bien évidemment dans le fait que le héros est campé par Jack Black, qui en profite donc pour en mettre plein la vue sur chaque plan à grands coups de grimaces, de relèvements de sourcils et de gags scato peu convenables (bien que certains soient directement tirés du roman original). Le jeune public se régalera des scènes d'action grandiloquentes bourrées d'effets visuels comme "l'apprivoisement mécanique" de Gulliver ou encore la bataille navale contre les Blefuscudiens. Les plus grands penseront eux au magnifique téléfilm réalisé par Charles Sturridge en 1996, qui mettait habilement et plus fidèlement un Ted Danson alors au zénith de son talent.
Le scénario mêle donc ici maladroitement histoire originale et comique malvenu, oubliant clairement la critique de Swift sur les têtes bien-pensantes de son époque, le metteur en scène Rob Letterman (co-réalisateur des films d'animation Gang de Requins et Monstres contre Aliens) ne se contentant que de filmer Jack Black au milieu d'effets spéciaux multiples, privilégiant les prouesses visuelles au scénario. Ainsi, en ne gardant que les deux aventures principales du roman et en les pastichant maladroitement, Les Voyages de Gulliver n'est qu'une vision académique du roman et une déception heureusement sauvée par de bons passages réussis.