Matador périphérique
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Los golfos (Les voyous en français) est le premier long métrage de Carlos Saura. Le film a été tourné entièrement en décors naturels avec des acteurs non-professionnels, à la manière des films néoréalistes italiens et le résultat est à la hauteur des prestigieux maitres d'outre-méditerranée.
Bien loin de l'Espagne de pandereta qu'à la même époque promeut dans le monde entier la série des Joselito (le petit chanteur à la voix d'or), Carlos Saura nous montre la vie d'un groupe de jeunes habitant dans cette zone de la banlieue qui hésite entre urbanisation et campagne et où vivent pauvres et déracinés. On y voit aussi le Madrid des années cinquante, images saisissantes par exemple de la fourmilière humaine du marché de gros de Legazpi.
Juan, l'un des protagonistes du film, veut devenir matador. Tout le film se construit autour de ce projet qui va fédérer le groupe et alimenter les rêves de richesse de chacun. Il s'agit de trouver l'argent qui va permettre à Juan de débuter sa carrière. Pour réunir la somme demandée par des organisateurs peu scrupuleux, tous les moyens - surtout les pires - seront bons.
La novillada finale (corrida avec de jeunes toros) et la mort du toro, filmées sans complaisance, peuvent être vues comme la métaphore de la difficulté pour les artistes de parvenir à leurs fins. Carlos Saura en sait quelque chose qui tourna avec peu de moyens et dut se débattre avant et après le film, avec la censure franquiste. Finalement, le film sera montré au festival de Cannes où il fut apprécié mais il ne sort sur les écrans espagnols qu'en 1962, de manière très confidentielle et amputé de dix minutes. Les mécanismes de la censure du régime franquiste sont bien mis en lumière dans le bonus du dvd.
Créée
le 20 nov. 2016
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