Adaptation du roman éponyme que je n'ai pas lu, "Les Yeux jaunes des crocodiles" est un long-métrage assez particulier dans l'horizon du cinéma français.
Autant il est facile de lui reprocher certaines maladresses, et pourtant l'écriture aussi simple soit elle, parvient aussi à provoquer la curiosité. On peut s'attacher aux personnages, ce fut mon cas, mais on peut aussi les trouver assez lisses, voir inintéressants. Cependant ce qui rend le long-métrage original, c'est qu'il suit justement des personnages assez caricaturaux, donc propres au cinéma français populaire, tout en les dévoilant sous un jour plus sombre qu'à l'habitude.
Les histoires de familles, les crises conjugales et compagnie, on connaît ça par coeur, et si Cécile Telerman avec son film ne renouvelle pas le genre, elle lui amène tout de même un peu de fraicheur. Au-delà d'une simple histoire de conflit fraternel, c'est aussi ce qui gravite autour des deux soeurs qui suscite la curiosité et l'intérêt du film.
Certes la narration est parfois trop simplette, certains angles sont trop balourds, et le côté "feuilleton" peine à rendre l'ensemble convaincant. Cependant au-delà de cela, nous avons deux actrices. Emmanuelle Béart et Julie Depardieu, toutes deux très en phase avec les thématiques du long-métrage. A la fois drôles, touchantes, mais aussi agaçantes, les deux femmes livrent ici des prestations tout à fait honorables. Les seconds rôles ne sont pas non plus en reste.
En revanche si l'on peut excuser aux "Yeux jaunes des crocodiles" d'être maladroit en terme de narration, on ne peut pas lui accorder de crédit en ce qui concerne sa mise en scène, le travail sur la musique, ou la photographie. Tout ici est trop lisse et sans âme, si bien que parfois malgré l'intérêt premier du sujet, on finit pourtant par en avoir assez.
Pour résumer on pourrait dire que "Les Yeux jaunes des crocodiles" est une histoire savoureuse, mais malheureusement emballée dans un papier cadeau totalement raté. C'est dommage, même si dans le fond le long-métrage s'apprécie.