This is always
Il est des personnages de cinéma qui marquent. Leur charisme, leurs aventures, leur présence suffit même parfois à construire une histoire passionante. Cela peut tenir à peu de chose. Un regard...
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le 24 oct. 2010
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Ce qui n'aurait pu être que la réalisation déformée mais très belle d'un autre caprice de Bruce Weber, après Broken Noses, constitue en fait ce qui est probablement l'un des documents les plus proche de ce qu'était Chet Baker. Ses mensonges visibles et ses propos contradictoires qui se mêlent dans le film, les amis, parasites, anciennes amantes et compagnes désœuvrées qui, au cours de l'avancée du docu, se jettent tous à la gorge en petites anecdotes, mensonges éhontés... Les fantasmes de tous se mélangent.
En premier lieu celui du réalisateur : son intérêt très clairement homo-érotique pour le jazzman et sa volonté de l'incarner comme icône mutilée mais battante du cool, pleine d'humilité et de romantisme, se brisent inlassablement avec ses propres délires d'amoureux transi en voix-off, et l'attitude incontrôlable de Baker. Weber a beau l'habiller lui et ses amis en imitation beatnik avec de grandes marques françaises de luxe et les promener en décapotable et à Cannes, Chet finit néanmoins par toujours perdre ses fringues, et retrouve alors ses éternelles chemises tachées de sang - complétement défoncé grâce à son salaire devant la caméra, avec l'équipe de Weber au choix gaga ou toute aussi imbibée que le trompettiste.
En cela, le constant retour entre le Chet des années 50 et celui des années 80, la valse des souvenirs accentuée par le choix certes un peu précieux mais génial et cohérent de Weber de reprendre des codes du cinéma italien des années 50 (intégrer au film des individus rencontrés sur le lieux du tournage, etc.), contribuent au côté flou et complétement hypnotique, iconique de Baker. Tout cela est violemment contrebalancé par la crudité qui surgit parfois de ses mots, des souvenirs de son entourage, de ses subites pointes d'agressivité qui font irruption ; et aussi de sa décadence physique prodigieuse qui visiblement fascine Bruce Weber.
A côté de ça, les pointes d'humour et de légèreté, la personnalité des différents personnages comme la croustillante Ruth Young, le vertige tournoyant des successions d'images, de photographies, la bande son fabuleuse, créent une légèreté et un charme inouïes. Weber est bien plus intéressant comme cinéaste que comme photographe et produit des images simplement fascinantes. Il accouche ainsi d'une version ultra glamour et stylisée du cool de la west coast qui s'incarne dans le film ; et qu'il fait coexister avec la noirceur de l'existence de Chet Baker. C'est ce mélange de rêves brisés et renouvelés, de douceur et de violence, d'humilité et de misère qui contrastent avec l'arrogance des débuts, qui au final illustre bien le personnage de Baker, dans une œuvre complètement hypnotisante.
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le 19 juin 2016
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