Voici ce que j'ai écrit il y a moins de deux jours au sujet du morceau "Summer Will Be over Soon" qui sert de générique de fin à ce "Leto" alors que je l'écoutais en boucle :
« Je suis allé voir "Leto" fatigué, très fatigué, et j'en suis sorti sans savoir si je l'avais aimé ou bien plus. Pourtant quelque chose m'a immédiatement interpellé, les larmes qui sont montées au moment de ce générique de fin, avec cette sensation de ne pas avoir envie de quitter Viktor, Natasha et Mike. J'ai su immédiatement que je devrais les revoir très vite.
Depuis, un plan, une scène, un visage, un morceau me revenaient fréquemment, et c'est ce matin, après avoir appris une nouvelle douloureuse, que j'ai compris ce qui me raccrochait à ce film : il parle de l'absence, de la perte. De rock bien entendu, d'une époque, de liberté, mais avant tout de l'absence et de la perte.
Je vais donc aller le revoir dans quelques heures... »
J'y suis donc retourné hier comme prévu, mais cette fois en forme olympique. Et le verdict est sans appel : je ne l'ai pas aimé, je l'ai adoré.
J'ai redécouvert à quel point la mise en scène de Serebrennikov était grande, dans sa manière d'à la fois respecter et dépoussiérer la tradition du "filmer russe", j'ai dégusté chaque morceau de musique comme si c'était le dernier, j'ai admiré la façon dont le créateur refuse de politiser son récit, ce qui aurait été la facilité, surtout à coups de paraboles lourdingues dont le cinéma d'auteur moderne raffole. Non lui a assumé le romanesque, parfois le futile.
Et cerise sur le gâteau, j'ai pu me glisser dans la peau tantôt de Mike tantôt de Viktor, ce qui m'a permis de tomber deux fois amoureux de Natasha...
NB : Ce film aurait été plombant et politique, il aurait eu la Palme d'Or. Il est fun et rock, il est donc reparti sans rien. Mais perso je la lui donne, avec un tuba en plus si nécessaire.
En parlant de Cannes, mon petit challenge commence à ressembler à quelque chose et mon palmarès prend forme. Il reste quatre films en compétition à sortir, deux en janvier, un en février et le Godard qui ne devrait pas sortir en salles.