Lettre à Momo par Ghislaine Borie
Ce film a été réalisé par Hiroyuki Okiura. Ce dernier a travaillé sur de nombreux films mais pas en tant que réalisateur. Un seul film à son actif à part Momo : Jin-roh, la brigade des loups, que je n’ai pas vu (enfin, il me semble, le nom me dit quelque chose en fait). Pour le reste, il a notamment travaillé en tant que key-animator sur Kiki la petite sorcière de Hayao Miyazaki, et sur Paprika, Ghost in the shell… bref, c’est loin d’être un lapin de trois semaines.
Lettre à Momo est un scénario original, ce qui est plutôt rafraîchissant dans un genre qui aime particulièrement les adaptations de mangas.
Momo est une adolescente un peu taciturne. Elle et sa mère reviennent vivre dans leur famille, sur une petite île, après la mort du papa de Momo. Tout ce qui lui reste de son père, c’est une lettre inachevée et qui dit seulement « Chère Momo », et le souvenir d’une dispute juste avant l’accident fatal. Au cours du trajet en bateau qui les mène vers l’île, Momo reçoit sur la tête trois gouttes d’eau, qui les suivent, elle et sa mère, jusqu’à leur nouvelle maison, chez leurs oncle et tante. Très vite, Momo se met à entendre des voix, dans cette vieille maison. Puis elle aperçoit des formes et prend peur. Des yokai !! Créatures fantastiques, esprits malicieux, tout droit sortis de livres anciens stockés dans le grenier de la maison familiale ! Ils sont très moches, et voleurs, et toujours affamés ! Momo est la seule à les voir et bien sûr, sa mère la prend pour une folle. Les yokai ne sont pas là par hasard. Missionnés par le père de Momo, en transit avant son départ pour l’autre monde, pour veiller sur Momo et sa mère, les yokai accumulent les boulettes et attirent des ennuis à Momo.
Ce film d’animation s’adresse à un public jeune. Les thèmes développés sont assez classiques : la mort d’un proche, le deuil difficile, l’intégration dans une nouvelle communauté, se faire accepter par les jeunes de son âge… rien de très original mais j’ai adoré ces personnages déjantés, qui m’ont beaucoup fait rire. Le film dure deux heures et il n’y a pas de temps mort. Le rythme est plutôt soutenu contrairement à certains films « contemplatifs », et les graphismes sont de toute beauté. Je sais que je me répète mais j’adore le souci du détail systématique dans ces japanim. Un enchevêtrement de fils électriques dans la rue, la lumière d’un coucher de soleil, les descriptions précises des scènes de la vie quotidienne… un niveau de lecture accessible aux « vieux », qui constituaient d’ailleurs la totalité du public de la salle. Je n’y ai pas vu d’enfants ^_^
Bref un joli film, pas du niveau d’un Miyazaki ou d’un Takahata mais plutôt prometteur, tant au niveau de la réalisation que du scénario original.
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