Lettre à Momo
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Lettre à Momo

Long-métrage d'animation de Hiroyuki Okiura (2011)

Un joli moment de poésie qui mêle habilement réel et imaginaire pour illustrer sans trop de chichi le délicat thème du deuil. Hiroyuki Okiura est un artiste complet et délivre, avec ce qui n'est que son second film, une vraie prouesse graphique. L'animation qui donne vie à son univers fait de créatures oniriques est à tomber à la renverse. Son trait est diabolique d'expressivité mais si particulier qu'il peut se permettre presque toutes les folies, sans que l'on se sente happer dans un dessin animé qui n'aurait plus d'attache avec le réalisme de son sujet. C'est la force des grands films d'animation, qu'on retrouve par exemple dans la référence ultime du genre, à savoir toute l'oeuvre de Miyasaki. Dans cette lettre à Momo, on retrouve l'héritage laissé par ce père de l'animation japonaise, on pense en effet souvent à ses films phares, Mononoke pour toutes les parties faisant appel aux esprits de la forêt, Chihiro pour l'imaginaire des créatures mais aussi Totoro qui me semble directement cité lors de ce passage tumultueux sur un pond prêt à se faire malmener par un Typhon en colère.

Mais Lettre à Momo, s'il impressionne par sa maîtrise graphique, n'oublie pas que le fond d'un film est aussi important que sa forme. Y est en effet abordé un sujet très adulte, touchant par sa simplicité, mais également difficile par sa nature même, impalpable et délicate. Pas évident de parler du deuil sans tomber dans le misérabilisme ou à l'inverse en survolant simplement son sujet. Et si l'on peut reprocher par moment à Lettre à Momo d'en faire un peu trop (je trouve la fin pas forcément utile par exemple), il est évident que Hiroyuki Okiura va au bout de son sujet. En prenant son temps pour nous présenter ses personnages, il compose son puzzle sans se presser pour atteindre une jolie émotion lorsque l'on comprend où il veut nous emmener.

Hiroyuki Okiura n'est peut être pas un auteur prolifique, son dernier film a en effet maintenant près de 15 ans, mais quelle puissance possède chacune de ses oeuvres. Si je préfère à Lettre à Momo son très féroce Jin Roh parce que sa thématique me parle plus, je reste toutefois très impressionné par l'ampleur qu'il parvient une nouvelle fois à insuffler à ses images. Entre décors envoûtants, chara-design audacieux, animation maîtrisée et sujet épineux très joliment contenu, son second film vient en effet se placer dans la liste des films d'animation référence, à n'en point douter. La marque d'un grand, perfectionniste et impliqué dans ses production, qui se donne le temps de la création pour nous laisser sur place, les yeux emplis d'admiration et de respect.
oso
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le 14 févr. 2014

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oso

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