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Première réalisation de Kinuyo Tanaka, l'une des premières (la seconde il me semble) femmes réalisatrices au Japon, qui prend pour cadre les lendemains de la Seconde Guerre mondiale. On suit Reikichi, un marin démobilisé, à travers son obsession pour Michiko, une femme qu’il a aimée avant la guerre et depuis perdue de vue. Pendant un long moment, "Lettre d'amour" s'attarde à décrire son quotidien morne et démotivé, entre l'appartement de son frère beaucoup plus dynamique et le travail de son ami qui écrit des lettres en anglais pour des Japonaises à la recherche de soldats américains fréquentés durant la guerre. On passe ainsi beaucoup de temps auprès de ces femmes, dans un registre légèrement comique, qui cherchent à soutirer de l'argent à ces hommes repartis chez eux et ayant coupé les ponts, laissant leurs anciennes compagnes dans la pauvreté — pour ce faire, elles n'hésitent pas à mentir ou exagérer toutes sortes de choses, et c'est le principal ressort comique.


Cette configuration est en soi presque suffisante et aurait presque pu constituer un film à part entière, mais par hasard, parmi ces femmes désespérées, Reikichi retrouve son amour de jeunesse et donne lieu à une très belle scène de retrouvailles sur les quais. Tanaka décrit un monde de débrouille en se focalisant sur une petite rue commerçante, où chacun essaie de se sortir de cette situation délicate par tous les moyens possibles, en alternant entre phases dépressives chez les uns et moments de grands espoirs chez les autres. Aucun jugement ne sera apposé sur les agissements des personnages, on comprend tout de suite qu'il est question de survie et qu'à peu près tout le monde à quelque chose à dissimuler par honte. Le dernier grand mouvement du film m'a paru un peu excessif, que ce soit dans la surenchère dramatique des retrouvailles entre Michiko et des prostituées ou la séquence d'explication qui suivra de nuit devant une grille.

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le 2 nov. 2022

Critique lue 52 fois

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Morrinson

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