Un soldat n'est pas très différent du soldat d'en face.
Bien sur, un père de famille ou un fils aura les mêmes préoccupations et écrira des lettres à sa famille assez semblables qu'il soit américain ou japonais, comme un paysan s'inquiètera des moissons et de la fête du village dans tous les pays du monde.
Il existe des valeurs universelles, c'est un poncif de le dire.
On pouvait croire un moment que la dénonciation des effets pervers du code du bushido pourrait constituer l'ossature du film, mais ce sujet reste mineur et là encore, il est faussé. Un officier porteur de sabre qui désobéit à son suzerain pour choisir le suicide alors qu'il peut encore mourir au combat trahit le code du bushido! Ce n'est pas croyable!
Le sujet est finalement la dénonciation de la guerre et de ses héros.
Ici encore, Eastwood détricote le mythe du héros. L'honneur s'oppose à la discipline et à l'efficacité dans un baroud d'honneur absurde et sanglant où les héros japonais n'ont rien à espérer ni en matière d'honneur, ni en bénéfice militaire.
Dans Mémoires de nos pères, on fabrique des héros, ici on les efface. Que restera-t-il de tant de sacrifices et de courage? Des lettres de gamins à leurs familles qui ressemblent à celle qu'on trouve sur le soldat américain.
L'ensemble de ce diptyque vaut plus que ses parties.