(Risque de spoiler)
Des années après la fin de la guerre du Pacifique, on retrouve sur l'île d'Iwo Jima des lettres de soldats japonais écrites mais jamais expédiées.
En effet, en 1945 une bataille oppose, sur cette île, des divisions de Marines à des soldats japonais cinq fois moins nombreux. Clint Eastwood a réalisé deux films très différents mais toutefois complémentaires qui s'inspirent de cet évènement.
Après "Mémoires de nos pères", "Lettres d'Iwo Jima" est le second volet de ce dyptique mais cette fois vécu du côté japonais. Ce film retrace le destin tragique de ces combattants héroïques dont la plupart ont perdu la vie sur cette île.
Le réalisateur nous propose un film de guerre joué par des acteurs japonais dans leur langue ce qui lui confère une résonance particulière.
Nous découvrons des personnages variés, attachants pour certains, avec leurs forces mais également leurs faiblesses, leurs doutes et parfois leurs ambiguïtés face au nationalisme nippon.
Les retours en arrière sur la vie de quelques soldats japonais nous permettent de mieux les comprendre et ainsi éprouver de l'empathie pour eux.
Cette guerre qui, d'après les américains, devait être une guerre éclair durera tout de même une quarantaine de jours grâce à la stratégie militaire élaborée par le général Kuribayashi.
On partage toutes les émotions de ces combattants japonais, le film ayant été tourné en majeure partie sur l'île. Clint Eastwood semble vouloir gommer les différences entre les deux armées ennemies. Américains et japonais ressentent les mêmes émotions, les mêmes peurs et angoisses face à la mort. Le comportement des uns et des autres face à des situations extrêmement éprouvantes ne se révèlent ni exemplaires ni condamnables. Comment réagir de façon objective face à une situation qui nous dépasse complètement ? Eux se conduisent en soldats qui affrontent une guerre particulièrement cruelle surtout pour les japonais qui comprennent très vite qu'ils ont été sacrifiés.
"Jamais deux sans trois" sera une des dernières phrases prononcée par le général Kuribayashi au soldat Saigo à qui il sauvera 2 fois la vie et tiendra sa promesse une troisième fois. Il aura fait preuve d'une grande humanité face à ses soldats et également envers un prisonnier américain. C'est ce qui m'a touchée dans ce film. Même plongé dans l'horreur d'une guerre, un homme peut rester profondément humain.