Torii flottant au crépuscule
Revoir « Letters From Iwo Jima », c'est la garantie de retrouver une histoire désarmante, toujours aussi incisive et caustique...
Parfois très longuet, notamment pendant la préparation de l'île, pas toujours scotchant, et quelques fois lourd quand il s'agit d'émouvoir ; le film d'Eastwood n'en reste pas moins la meilleure transposition jamais faite de ce conflit à travers les yeux des japonais. Ce choc des cultures tétanise et se donne des airs d'archives.
Il n'y a pas les morales fumeuses et habituelles sur la guerre. Le rapport que peut avoir un soldat de l'Empereur face au combat est traité de manière pudique, avec une grande modestie et dans les plus pures traditions.
Minutieusement agencé, cette quête d'Iwo Jima ne rend pas les américains plus "amerloques" qu'ils le sont. A aucun moment le récit se montre tendre avec l'un des deux camps. On nous fait bien comprendre qu'il y a des salopards et des faibles d'esprit d'un côté comme de l'autre. La notion d'universalité, et sa force émotionnelle qui s'en décèle, forme ses rangs et supplante le tout pour faire l'état des lieux comme il se doit. Elle fait l'apologie de valeurs simples mais rendues naïves par le temps, elle se galvanise sur les personnages et leur passé pour penser à un futur déjà tracé par une tragédie inutile. Et pour contraster, il y a cette photographie qui se décolore, qui se décompose, qui reprend du poil de la bête dans des moments de pur héroïsme.
Tout cela au service d'un des plus beaux morceaux de bravoures cinématographiques sur la Seconde Guerre Mondiale. Rien que ça.