André Dussolier et Victoria Abril forment un couple de beaufs tout en clichés et caricature. Et la comédie de Forence Quentin ne doit qu'à leur implication et à la sympathie qu'on éprouve pour les deux comédiens de ne pas sombrer dans l'insignifiance la plus absolue.
Liés, pour ne pas dire jumeaux (ils portent la même tenue, généralement le survêtement de sport qui fait bien français très moyen) dans la médiocrité, André et Muriel sont d'anciens commerçants convertis, pour les riverains, en épiciers au noir du fond de leur pavillon de Perpignan. Radins et cupides, racistes et mesquins, bourgeois peureux et indiscrets, ils poussent loin, avec une certaine jovialité, l'incarnation du boutiquier franchouillard -dont une des références en la matière est le couple, bien plus savoureux Hanin-Ferréol dans "Au bon beurre". Le couple donne le "meilleur" de lui-même, évidemment, lorsqu'un jeune et mystérieux arabe, forcément suspect, s'installe dans la maison d'à côté.
J'aurais voulu aimer la comédie et le jeu de massacre de Florence Quentin, ne serait-ce que pour ses acteurs, mais la réalisatrice, pourtant la comparse du portraitiste subtil Etienne Chatiliez, a oublié la finesse. L'accumulation des tares dont elle accable André et Muriel est maladroite, plus que méchante, et discrédite le sujet, les personnages, par son outrance.