Leurs enfants après eux possède d'innombrables qualités à commencer par une réelle ambition. Ambition aussi bien dans sa fresque s'étalant sur une dizaine d'années que dans sa tenue plastique et technique remarquable. Les hauts fourneaux lorrains n'avaient jamais été aussi bien filmés, c'est indéniable. Et avec un budget plutôt minime de 12 millions c'est à saluer. Il est logique de retrouver Gilles Lellouche dans cette adaptation tant elle partage de points communs avec son Amour ouf d'il y a seulement quelques mois (période retranscrite, provinces françaises, fresque ambitieuse, inspiration américaine...). Et pendant qu'Hollywood se regarde le nombril et traverse une crise majeure, je suis bien content que le cinéma hexagonale s'empare de récits ambitieux dépeignant des régions françaises oubliées au cinéma (et pas que).


Et malgré les nombreuses qualités citées plus haut, je reste hélas un peu sur ma faim (comme pour l'Amour ouf). La faute à une écriture parfois bancale de certains personnages. Les réalisateurs essayent d'interroger la rivalité naissance entre Anthony et Hacine mais peinent crédibiliser les actes du second. C'est assez grossier dans son traitement. Il restera pendant longtemps le "méchant arabe". Et son vis-à-vis, héros du film, sur lequel on passera bien plus de temps, est incarné par le piètre (à mon sens) Paul Kircher. Acteur dont le jeu me laisse dubitatif (c'était déjà le cas dans Le Règne Animal). Il est en grande partie responsable de ma distance envers le film car ce qui l'entoure directement ne fonctionne pas à mes yeux (à commencer par sa romance avec Steph).


Et c'est vraiment dommage car les qualités ne manquent pas. Les acteurs de métier assurent et notamment un Gilles Lellouche bouleversant qui trouve certainement ici son plus grand rôle en père alcoolique dépassé par les évènements. Les belles idées s'enchaînent, on repense au panache de cette affiche. Le côté juke-box peut s'avérer épuisant mais il y aura à minima quelques sons pour nous accrocher. Le film reste correcte. Mais avec cet or entre les doigts, on a la sensation qu'avec le réglage et l'ajustement de quelques curseurs, on aurait là un film majeur de l'année.

Tchitchoball
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