1987, l'Anvers du décor : Moïse Lévy, diamantaire modeste et vertueux, siège tranquillement dans la communauté juive de la Jérusalem du Nord, entre l'ouvrage journalier et les études nocturnes. Scrupuleux, illuminé, totalement investi dans sa mission de prophétiser lesdits commandements Moïse a cruellement déshérité son frère Albert, vilain petit canard de la famille débarrassé du poids de son éducation et reconverti dans le petit commerce d'un café parisien du XVIIème arrondissement, marié en outre à une goy et flanqué de trois chérubins. Ces deux frangins que tout semble séparer vont devoir - par le coup du sort et trois sachets de poudre malencontreusement récupérés par Moïse - se rabibocher afin de neutraliser un terrifiant chef de bande nommé Goliath...
Bon. Autant dire qu'on tape ici sérieusement dans le poussif et le mauvais goût ( une foi n'est pas coutume ), Gérard Oury enchaîne les maladresses et les bons sentiments dans le plus pur esprit collégien faiseur de blaguounettes judéo-judaïques mais dieu qu'on se marre devant le jeu outré d'Albert Boujenah et la bouche en cul de poule de Moïse Anconina ! C'est tellement caricatural, à côté de la plaque et assumé tout du long dans le même mouvement de gaudriole franchouillarde que cela en devient vraiment attachant et sympathique sur la longueur ; malgré son quiproquo sérieusement suranné censé amorcer les enjeux à suivre ( et vas-y que j'échange la poudre de diamant contre un ou deux kilos de stupéfiant, genre années 80 et rame de train francilienne, et cetera...) ce buddy-movie m'a - pour le dire tout de go - gentiment plu : Isabelle Mergault en catin capillo-linguistique, Ticky Holgado dans un rôle-emploi qui ne sert strictement à rien, Brialy génial en agent-double fricotant avec les milieux interlopes, Souad Amidou très charmante en rebeue surtout présente au générique pour illustrer le cosmopolitisme du cinéma français, Artus de Penguern et Michel Such en petites apparitions... Que du bon !
Et puis je sais pas mais voir Paris filmé de nuit avec les néons des bouges situés côté Pigalle et les motos, cuirs, moustaches et paires de fesses présentés à renfort de gros moyens ( Gérard a dû miser un sacré pactole sur ce coup, 'suffit de voir le level des effets visuels tout droit sortis d'une bouilloire ou d'un perco...) moi perso ça me fait fondre, surtout quand Vladimir reprend le même genre de soupe entêtante que chez Francis afin d'étayer ledit buddy. Bref c'est inepte mais vraiment sympathique, ça ne se prend jamais au sérieux même dans ses références et Boujenah, mon Dieu Boujenah, quoi ! Objectivement mauvais mais très amusant pour le bon public que je suis...