Avril 2010:

Je n'avais qu'un souvenir lointain du premier visionnage : un bon souvenir, peut-être un poil plus enthousiasmé. Aujourd'hui le crescendo final m'est apparu trop grossier, trop long, trop facile, trop quoi. Au contraire, tout le reste est on ne peut plus délicat et soigné.
La comédie est un art très difficile à manier. Un pas trop à gauche ou à droite et l'on se casse la gueule.

Le scénario et la réalisation de Podalydès marchent tranquillement avec une douce sérénité. Bâti sur la lubie bourgeoise de ce bon père de famille, le film aborde le genre des comédies familiales, spécialité française qui de Robert Lamoureux à Michel Lang en passant par Pascal Thomas a connu des hauts et des bas, montagnes russes très excitantes à suivre. Un genre en soi qui me plait énormément : il en ressort toujours une espèce de candeur et de bonhommie qui tendent vers la poésie des sentiments parfois. Je comprends cependant que d'aucuns n'y voient qu'une accumulation d'enjeux dérisoires. La famille tranquille, les classes moyennes excitent peu les imaginations. Il y a quelques chose de soporifique dans les inquiétudes domestiques.

A première vue, ce film livre ce constat. On suit la banale aventure d'un père de famille qui, afin d'échapper à la routine de ses vacances, se rêve marin, sur son propre navire... Bien entendu n'est pas marin qui veut et ce brutal retour à la réalité n'est pas sans provoquer des mésaventures de moins en moins prévisibles.

Le comédien Denis Podalydès, frère du réalisateur/scénariste/comédien Bruno Podalydès, parvient par un jeu tout en couleurs et contrastes, tantôt calme, tantôt tempétueux à donner à son personnage des nuances et des aspérités plus saillantes qu'à l'ordinaire pour ce genre de film.

Peu à peu se dessinent des interactions intra-familiales bien cruelles, presque noires. La relation entre Jacques Monot (Denis Podalydès) et sa femme (Guilaine Londez) sous entend des rapports de force très arriérés.

De même, celle entre le père et ses enfants laisse entrevoir des bouffées de violence très réalistes et naturelles mais qui en règle générale ne sont jamais abordées de manière aussi crue dans une comédie. L'entendre vociférer des insanités sur ces pauvres matelots ne doit pas faire oublier le profond amour qui les lie. C'est finalement toute la subtilité de la démonstration.

Il est difficile de concilier vie familiale, ronronnante, agaçante, avec ses rêves de grandeur et de liberté retrouvée. Quand la jeunesse met les voiles, certains croient défier la mort, celle qu'on avait oublié ou feint de ne pas voir quand on est gosse ; ils se donnent une dernière dose d'adrénaline pour ne pas voir les cheveux tomber et les rides se former. Ces réflexes de survie n'ont rien de pathétique, ils sont tellement naturels qu'on en sourit facilement.

Comme le genre l'exige, le film se focalise tour à tour sur chaque personnage, avec plus ou moins de bonheur. Lou-Nil Font, l'ado qui découvre les doux affres de l'amour estival par exemple ne joue pas assez bien. Sa camarade de jeu, Marie Diot, ne brille pas non plus. Les rêves modestes de Guilaine Londez sont beaucoup mieux mis en valeur par son jeu. J'ai bien aimé le jeu du comédien Bruno Podalydès, excellent en armateur aussi lunaire que malhonnête.

Une petite comédie familiale sympatoche en somme.
Alligator
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le 6 avr. 2013

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Alligator

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