J'ai revu hier ce petit western que j'avais noté de mémoire, et ma note reste inchangée, même s'il n'est pas absolument exceptionnel, mais il présente certaines qualités. Tout d'abord, les personnages : bon celui de Robert Taylor est traditionnel au caractère du cowboy aguerri, paternaliste, sobre et serein. A l'opposé, le personnage de John Cassavetes, tout jeune premier, est fiévreux et menaçant, au jeu survolté ; il possède une violence et une nervosité habituelles au polar noir, mais plutôt rares dans le western. Ces 2 caractères vont s'opposer dans une lutte fratricide puisqu'ils sont frères, à propos de conceptions de la vie radicalement différentes, au sein d'une énième rivalité entre éleveurs et itinérants où il est question de clôturer les pâturages.
Volontairement noir, même s'il utilise de belles teintes du Technicolor, ce western est surprenant par son climat de violence, même si le sujet des barbelés était mieux abordé dans L'Homme qui n'a pas d'étoile de King Vidor. Le scénario est écrit par Rod Serling, plus connu pour son activité dans le domaine de la SF que dans celui du western, d'où cette originalité. A l'image de son final qui a lieu dans un champ fleuri, décor très inhabituel dans un western, le film joue sur les ruptures de ton, en décrivant un Far West où le choc des générations est aussi tumultueux qu'en décor urbain. Au milieu de ce conflit fraternel, la belle Julie London n'a pas trop l'occasion de se mettre en valeur comme elle le fera l'année suivante dans L'Homme de l'Ouest, mais sa présence apporte un peu de douceur dans cette ambiance tendue, et elle chante.