Malgré les louanges adressées (à juste titre) à Paul Thomas Anderson, je dois bien confesser être resté sur ma faim concernant ses dernières propositions en date depuis l’excellent There will be blood. J’ai même été très impressionné par son Phantom Thread d’une précision chirurgicale, mais encore une fois, les émotions sont restées devant la salle obscure.
Quel plaisir de le retrouver ici dans un récit beaucoup plus léger, baignant dans le Los Angeles des 70’s. Encore une fois, le film est d’une maestria visuelle remarquable. La mise en scène est exemplaire avec quelques ballets de caméra enivrants. Mais c’est ici, au service d’un scénario dense et riche en péripéties jouissives. Les scènes clés déboulent avec des acteurs stars prenant un réel plaisir à incarner des auteurs imbus d’eux-mêmes et pathétiques. Superbe prestation de Sean Penn et surtout Bradley Cooper complètement barge. L’humour fait mouche. Licorice Pizza est pour ces raisons, le film le plus accessible de son auteur à mon sens.
L’univers dépeint par PTA n’est pas pour autant enjolivé ou nostalgique. Le star system est misogyne et les sacrifices parfois lourds pour obtenir les clés de la réussite. Notre jeune couple star ne suivra pas non plus un parcours idyllique de romcoms traditionnelles et le film cultive leurs contradictions.
Alana Haim et Cooper Hoffman livrent une belle partition et leur couple fonctionne à l’écran. J’ai été un peu troublé de retrouver le fils de Philipp Seymour Hoffman ici. On discerne ses traits. La symbolique est belle lorsque l’on connait la relation si particulière qui le liait à PTA depuis des années et de voir aujourd’hui son fils reprendre le flambeau devant la caméra de ce même auteur.
Pour autant, et contrairement à Phantom Thread, je ne trouve pas Licorice Pizza parfait. Les motivations des personnages sont parfois floues. Je ne crois jamais à leur âge (précoces ces gamins) même si j’ai bien compris que Alana en jouait. Et l’ensemble manque d’enjeu à mon sens pour me marquer durablement. Paul Thomas Anderson s’amuse à distiller des fusils de Tchekhov en vrac, inutiles. Je ne peux pas croire que ce soit involontaire de sa part.
Reste que les 130 minutes sont passées comme une lettre à la poste. De la même manière que le dernier Quentin Tarantino, l’immersion a été totale dans une ville et une époque qui m’est pourtant inconnue. Une bouffée d’air frais dans le cinéma de son auteur et certainement un de mes films préférés de PTA et de l’année.
J’ai vu quelques comparaisons faites avec son Punch-Drunk Love que je n’ai toujours pas vu. Hâte de creuser davantage cette facette de son cinéma.