Paul Thomas Anderson signe son grand retour, après le magnifique Phantom Thread, avec Licorice Pizza un film plus léger mais tout aussi attachant. À l’occasion de son retour sur le grand écran, PTA a réuni un casting étonnant mais très réussi avec Alana Haim, connue depuis plus de 10 ans dans le monde de la musique avec son groupe Haim, ainsi que Cooper Hoffman, fils du regretté Philip Seymour Hoffman qui avait lancé sa carrière avec le même réalisateur 20 ans auparavant.


Licorice Pizza c’est un peu comme les cassettes de son enfance qu’on retrouve au fond d’un carton au grenier. C’est un souvenir d’une époque, d’une vie, d’une partie de l’histoire qui s’éloigne au fil du temps. Cependant pas pour PTA qui a voulu raviver cet âge d’or à travers son neuvième film, un coming of age, un film d’apprentissage vers l’âge adulte.

On comprend très bien à travers le film qu’il n’est pas question d’une simple histoire d’amour mais plutôt d’un point de vue sur la transition parfois floue et complexe entre l’adolescence à l’âge adulte. Accompagné des décors de La Vallée, elle aussi en pleine transition, les vies des deux personnages s’entrecroisent, se détachent, s’unissent tout au long du film.
PTA prend la liberté d’adapter ses souvenirs d’enfance tout en s’inspirant de personnages ayant réellement existé comme Jon Peters (Bradley Cooper) coiffeur et petit ami de Barbra Streisand ou encore l’acteur William Holden (Sean Penn) .[ Il s’inspire également de la vie du producteur Gary Goetzman, producteur entre autres du Silence des Agneaux mais aussi mentor de PTA et bien d’autres références propres aux souvenirs de PTA.]
Licorice Pizza c’est aussi le grand début d’Alana Haim, avec une présence fascinante, offrant une performance sincère et naturelle. C’est également les débuts de Cooper Hoffman, fils du regretté Philip Seymour Hoffman, aussi prometteur qu’au début de son père avec PTA quelques années auparavant.
Licorice Pizza met en avant les moments tendres mais aussi gênants parfois présents lorsqu’on tombe amoureux pour la première fois à travers une époque qui est elle aussi en pleine transition, avec la crise pétrolière qui marque la fin d’une ère de prospérité aux États-Unis.


Le film manque cependant cruellement de contexte provoquant un détachement face aux tranches de vie de Gary et d’Alana.
PTA nous présente sa vision et ses souvenirs d’enfance d’un LA maintenant disparu, avec des références qui manquent en lisibilité. Le titre même du film « Licorice Pizza » fait référence à une chaine de magasin de vinyls célèbre à LA, qui n’est cependant pas présente dans le film. L’aversion de PTA pour les histoires prévisibles se fait ressentir d’autant plus qu’on peut ressentir l’intimité qu’a le réalisateur pour cette période. Cependant, il n’est pas forcément facile pour le spectateur de se retrouver à travers le film ayant un rythme saccadé, enchainant les scènes de vie sans but ou message particulier. On peut souligner la force de PTA de nous tenir en haleine durant une grande partie du film mais le manque de signification fait perdre l’intérêt du spectateur au cours du film.
Le film souhaite reproduire cette phase des années 70, une période trouble où les barrières sociales n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui mais il est bon de se demander si certains passages auraient pu être omis dans cet hommage à cette époque. La différence d’âge, bien qu’elle ne soit peut-être pas choquante pour l’époque présentée, l’est pour celle dans laquelle nous sommes aujourd’hui. Le film tourne autour de la découverte de l’amour et du passage gênant entre l’adolescence et l’âge adulte mais était-il vraiment nécessaire de construire cette représentation autour d’une différence d’âge de 10 ans? Malgré le personnage attachant d’Alana à travers le film on peut se questionner les choix de PTA quant à cette histoire. On peut également se questionner sur les « blagues » et la représentation des asiatiques dans ce film, appuyant l’humour sur un accent cliché qui faisait peut-être rire cinquante ans auparavant mais ne fait rire plus personne aujourd’hui.

En résumé, les choix de PTA pour ce film sont discutables et il en convient de se demander si cela aurait été aussi bien reçu venant d’un autre réalisateur.


Licorice Pizza c’est surtout le souvenir d’une époque passé, celle de l’enfance de PTA dans la San Fernando Valley. Bien que le film arrive à nous plonger dans cette atmosphère 70’s, le manque film manque en profondeur provocant un détachement constant et un sentiment mitigé face aux aventures de Gary et Alana.

mamilluminati
7
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le 31 déc. 2021

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mamilluminati

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