Un teen movie coloré, certes, mais dont les explorations nous font parfois perdre le fil, et trouver le temps long.
Des personnages attachants mènent une histoire d'amour ancré dans un registre adolescent (bien que le personnage d'Alana Haim soit plus âgé, le film dépeint deux personnages en construction, en recherche d'affirmation, loin de toute forme d'autorité et de nécessités matérielles).
Cette histoire d'amour est plongée dans une ambiance toute particulière (celle de la Californie du début des années 1970, période du 1er choc pétrolier). Cette attention sur des marqueurs réalistes semble d'ailleurs marquée par une hésitation, qui parcourt le film au-delà des repères historiques. En effet, l'épisode du choc pétrolier est relayé par les informations, et c'est au travers du personnage d'Alana que nous y avons accès ; en revanche, la scène montrant Gary au milieu des files de voiture, attendant d'avoir accès à la pompe, est celle d'une course effrenée particulièrement enfantine. L'avant-dernière scène, celle d'une dispute au restaurant, "entre adultes", est celle qui permet l'aboutissement de l'arc narratif amoureux. Mais cette mécanique scénaristique peine à convaincre, d'autant plus qu'elle est reproduite deux fois dans ce film : on peut mettre en parallèle la scène de la cascade en moto à celle du restaurant débouchant sur le baiser final. Tout les éléments étaient déjà présents à ce moment. C'est en ce sens que film souffre de longueurs évitables. Dès lors, quel intérêt (en-dehors de vouloir suggérer l'homophobie de la société américaine en 1973) porter à la dernière tranche du film ? Il semble qu'il y ait eu une volonté d'explorer encore la situation d'Alana, comme coincée entre deux choix, deux mondes. Mais en quoi le témoignage du compagnon du candidat à la mairie constitue un argument permettant le déblocage et la conclusion amoureuse ? Cet enchaînement me semble particulièrement peu motivé.
Les décors et la musique (bien que les choix musicaux apparaissent légèrement anachroniques, à quelques années près) plutôt réussis concordent à nous faire adhérer à ce qui s'apparente à une ballade, marqué par des scènes absurdes (la livraison du lit à Bradley Cooper, ou encore l'exposition menant à l'arrestation de Gary) occultant toute réalité matérielle. Dans ce mouvement, l'attachement aux personnages apparaît comme une fonction croissante de leur ressorts égotiques, qui font apparaître une rivalité entre Gary et Alana. Mais dès lors que le réalisateur insère le personnage d'Alana dans des considérations d'un ordre plus sérieux, plus adulte, le film perd en substance.
C'est en cela que l'on peut pointer une grande hésitation (qui porte préjudice à l'oeuvre) dans l'attachement à des marqueurs plus réalistes. Ce qui doit alors apparaître comme un élément structurant du scénario n'est synonyme que de maladresse. Si le choix d'Alana est sans équivoque, le réalisateur n'aura pas fait preuve d'autant de tranchant.