Paul Thomas Anderson est un cinéaste qu’on ne présente plus. Un artiste de génie qui se démarque par une réalisation puissamment inspirée, toujours sublime. Que ce soit dans l’incontournable Magnolia, ou plus récemment dans Phantom Thread, Paul Thomas Anderson fait partie des incontournables grands cinéastes du XXIème siècle.
Je ne vais pas passer par quatre chemins, Licorice Pizza est un très bon film. Pouvait-il seulement en être autrement ? Un film au scénario assez simpliste, et à l’histoire plutôt minime dans ses enjeux, mais qui, par une réalisation grandiose, révèlent un grand film.
Licorice Pizza se déroule dans le Los Angeles des années 1970, et raconte l’histoire de Gary Valentine, célèbre acteur âgé de 15 ans, qui tombe éperdument amoureux d’Alana Kane, une photographe de 25 ans. Si la différence d’âge constitue sans aucun doute un obstacle à leur relation pour Alana, c’est avec son charisme et sa ténacité que Gary Valentine va tenter de séduire celle-ci.
Le film parle de la jeunesse dans ce qu’elle a de plus beau à offrir, à savoir la liberté, le rêve et l’insouciance. Si ce thème est servi par de jeunes acteurs dont le talent ne fait aucun doute, c’est avec la caméra de P. T. Anderson qu’on ressent cette impression de liberté et d’une jeunesse vivante. Les deux amoureux courent sans arrêt tant ils ont de vie et d’énergie à revendre. Ce qui est formidable dans ce film, c’est la manière dont le réalisateur capte cette vivacité en filmant ces derniers en train de courir à l’aide de travellings qu’il pousse extrêmement loin, et qui sont d’une maîtrise rare. Chaque plan est parfaitement cadré, l’usage du plan-séquence est tout le temps pertinent. On peut notamment évoquer le premier qui en une scène d’introduction d’environ 2-3 minutes nous propose un dialogue entre les deux personnages principaux qui nous raconte tout de leur personnalité. En une scène et un seul plan, on s’est attaché aux deux personnages et on imagine déjà les enjeux de leur histoire. Par ailleurs, si le scénario est assez simple, les dialogues sont également d’une pertinence hallucinante et d’une drôlerie absolue. On a parfois l’impression de voir les choses à travers les yeux d’adolescents insouciants tellement les enjeux sont crédibles, bien racontés et parfaitement mis en scène. Je l’ai vu il y a déjà 4 semaines et j’ai encore l’exemple en tête du moment où Gary et sa bande découvrent le choc pétrolier de 1973 devant la télévision. Une crise géopolitique aux enjeux complexes, qui dépasse de très loin l’intérêt de nos jeunes amoureux, et surtout celui de Gary. C’est alors que, dans une scène criante de vérité, Gary se tourne vers Alana pour lui demander de lui expliquer ce choc pétrolier, ce à quoi elle répond quelque chose du style : « En gros y’a plus d’essence ». Je trouve cette ligne de dialogue brillante en ce qu’elle est drôle et touchante, mais aussi pour ce qu’elle raconte de cette jeunesse que Paul Thomas Anderson prend un plaisir fou à filmer. Pour terminer, l’histoire est sublimée par la présence de comédiens de métiers qui accompagnent le casting principal avec notamment dans les seconds rôles un Sean Penn qui fait de la moto, ou encore un Bradley Cooper qui joue un acteur imbu de lui-même. Les deux sont hilarants et apportent une vraie plus-value au film.
Au final, Licorice Pizza est un véritable bonbon, une merveille de mise en scène, et un pur moment de bonheur à vivre, ou à revivre en salles. Alors profitez-en ;)